L’équipe de mission d’OSIRIS-Rex se penche actuellement sur les échantillons de l’astéroïde Bennu rapportés sur Terre il y a quelques semaines. D’après les analyses, ils présentent une croûte de phosphate jamais vue auparavant dans les météorites. Or, les concentrations élevées de ce composant ont déjà été détectées dans des mondes océaniques extraterrestres.
Les premières analyses des échantillons collectés sur Bennu
La mission OSIRIS-REx de la NASA visait à étudier de manière approfondie Bennu en cartographiant sa surface, en analysant sa composition chimique et minéralogique, en étudiant son champ gravitationnel, ainsi qu’en examinant son comportement thermique et dynamique. Ces investigations approfondies étaient cruciales pour une meilleure compréhension des astéroïdes et de leur rôle dans l’évolution du Système solaire. Un autre objectif majeur était de contribuer à la recherche sur les origines de la vie en étudiant des échantillons riches en composés organiques avec l’espoir de découvrir des molécules prébiotiques ou des éléments clés ayant pu jouer un rôle dans la formation de la vie sur Terre.
En parallèle, la mission avait toutefois pour principaux objectifs la collecte et le rapatriement sur Terre d’échantillons de l’astéroïde Bennu, choisi en raison de sa richesse en composés organiques. Le 24 septembre aura donc marqué un événement significatif pour la NASA avec l’atterrissage sur Terre de la capsule qui renfermait ces échantillons. Ce retour concluait un périple de plusieurs milliards de kilomètres. Depuis, les chercheurs, du laboratoire d’analyse des astromatériaux Kuiper-Arizona de l’Université de l’Arizona analysent 200 mg de matière.
« Sur cet échantillon, nous avons plus de 1 000 particules supérieures à un demi-millimètre, 28 particules supérieures à un centimètre et la plus grosse particule mesure 3,5 cm, donc une superbe collection pleine de très grosses pierres« , précise Dante Lauretta de l’Université d’Arizona, chercheur principal d’OSIRIS-REx. Cette quantité, bien que minime, offre en effet une mine d’informations.

Un ancien monde océanique ?
Ces premiers échantillons de Bennu révèlent des caractéristiques uniques. Ils renfermeraient en effet d’importantes quantités d’eau emprisonnée dans des minéraux tels que les argiles et sont riches en carbone, azote, soufre et phosphore.
Les chercheurs ont également constaté que le matériau de l’astéroïde Bennu semble différent de tout autre élément de notre collection de météorites sur le plan isotopique, ce qui ouvre de nouvelles perspectives. Ces échantillons, qui représentent le plus grand réservoir vierge de tels matériaux sur Terre, présentent également une croûte de phosphate jamais observée dans les météorites. De telles concentrations de phosphate ont déjà été détectées dans des mondes océaniques extraterrestres. Encelade contient par exemple des phosphates à des niveaux bien supérieurs à ceux des océans de la Terre.
Sur cette simple base, Dante Lauretta spécule donc que l’astéroïde Bennu pourrait être un fragment d’un ancien monde océanique. Bien que cela soit encore hautement spéculatif, il s’agit de la meilleure piste envisagée pour expliquer l’origine de ce matériau.
Ce n’est pour l’heure qu’un début. Pour rappel, la sonde a rapporté environ 250 g de matériaux. Ces derniers seront envoyés à différents laboratoires pour effectuer des analyses approfondies qui devraient a priori tenir les scientifiques en haleine pendant quelques années.