Benjamin n’est plus le dernier tigre de Tasmanie connu

tigre tasmanie
Crédits : National Archives of Australia / Wikipedia

Une femelle tigre de Tasmanie morte en 1936, et non un mâle nommé Benjamin, serait en fait le dernier membre survivant de cette espèce éteinte. Les restes de l’animal étaient conservés dans les réserves d’un musée depuis près de 90 ans.

Thylacinus cynocephalus, un ancien marsupial, s’est éteint en Australie continentale il y a environ 3 000 ans, probablement victime d’un prédateur concurrent, le dingo. Une partie de la population a tout de même tenu jusqu’au XXe siècle en Tasmanie. À cette époque, le gouvernement australien a néanmoins décidé de supprimer l’espèce qui était considérée comme une menace pour le bétail. Elle était par ailleurs déjà en déclin génétique depuis au moins 70 000 ans.

On a par ailleurs longtemps cru que Benjamin, un tigre de Tasmanie mâle mort le 7 septembre 1936, était le dernier membre survivant de cette espèce. De nouvelles preuves suggèrent qu’il était en réalité l’avant-dernier. Dans le cadre d’une étude à paraître dans l’Australian Zoologist, des chercheurs ont en effet retrouvé les restes d’une femelle décédée quelques semaines plus tard. Conservés depuis 1936 dans les collections du Tasmanian Museum and Art Gallery (TMAG), la peau et les ossements de l’animal n’avaient jamais été clairement identifiés jusqu’à présent.

Thylacine tigre de tasmanie
Deux Thylacines. Crédits : Smithsonian Institution

Une femelle très âgée

En 1936, un trappeur nommé Elias Churchill aurait ainsi capturé le tigre de Tasmanie pour le vendre au zoo de Hobart, où il serait décédé quelques mois plus tard, en fin d’année. L’établissement aurait ensuite fait don des restes au Tasmanian Museum and Art Gallery. Cependant, toutes ces transactions avaient été faites plus ou moins en secret car, le piégeage au sol était illégal à l’époque. Le trappeur aurait donc pu être condamné à une amende.

Pendant des années, de nombreux conservateurs et scientifiques ont recherché les restes de l’animal, sans succès. En effet, aucun matériel de tigre de Tasmanie datant de 1936 n’avait été enregistré dans la collection zoologique. Au fil du temps, on a donc supposé que son corps avait été simplement jeté.

Convaincu que les restes de cette femelle étaient toujours bien présents, Robert Paddle, de l’Université catholique australienne, a cependant poursuivi les fouilles dans les archives du musée, s’appuyant notamment sur le rapport (non publié) d’un taxidermiste du musée ayant travaillé sur un marsupial entre 1936 et 1937.

La peau et une partie des ossements de la femelle ont finalement été retrouvés. Le Musée s’en servait parfois pour faire des présentations dans les écoles locales, sans avoir conscience qu’il s’agissait en réalité des restes du dernier Tigre de Tasmanie connu.

Les chercheurs ne savent pas précisément quel âge avait la femelle au moment de son décès, seulement qu’il s’agissait « d’un très vieil animal », comme peut en témoigner l’usure de ses dents.