Si les effets des microplastiques sur la santé humaine sont une préoccupation mondiale, on ignore encore beaucoup de choses sur l’ampleur de cette exposition, en premier lieu. Dans le cadre d’une petite étude, une équipe a déterminé quantitativement les concentrations de polyéthylène téréphtalate (PET) et de polycarbonate (PC) dans des échantillons de méconium et de fèces infantiles et adultes.
Des microplastiques ont été retrouvés dans les endroits les plus reculés de la planète. Certains sont transportés par les eaux, tapissant désormais les profondeurs océaniques. Des petits fragments ont également été découverts en montagne, notamment dans les Pyrénées et l’Himalaya, sans oublier les régions polaires. Il n’est donc pas surprenant que nous ingérions aussi du plastique.
Des travaux antérieurs ont déjà retrouvé ces microplastiques dans nos selles, mais une nouvelle étude pilote révèle aujourd’hui quelque chose de plus choquant.
Les bébés particulièrement exposés
Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont déterminé quantitativement les concentrations de polyéthylène téréphtalate (PET), généralement utilisé pour les emballages alimentaires et les vêtements, et de polycarbonate (PC, généralement utilisé dans les jouets et les bouteilles) dans trois échantillons de méconium, six échantillons de fèces infantiles et dix échantillons de fèces adultes. Tous ont été prélevés sur des sujets évoluant dans l’État de New York (États-Unis).
Des petites concentrations de TEP et de PC ont été trouvées dans certains échantillons de méconium, ce qui suggère que ces nouveau-nés naissent avec des plastiques déjà présents dans leur corps. Plus important encore, les concentrations de PET étaient dix fois plus importantes chez les bébés que chez les adultes, tandis que les niveaux de polycarbonate étaient similaires.
Les expositions quotidiennes moyennes estimées provenant de l’alimentation des nourrissons aux TEP et de PC étaient respectivement de 83 000 et de 860 ng/kg de poids corporel par jour, ce qui était significativement plus élevé que celles des adultes (5800 ng/kg-pc/jour pour les TEP et 200 ng/kg pc/j pour les polycarbonates).
Ces travaux suggèrent ainsi que les selles des bébés contiennent des quantités plus importantes de microplastiques que les adultes, car ils sont davantage exposés à ces plastiques. Les chercheurs évoquent notamment les ustensiles d’alimentation, tétines, gobelets et autres jouets que les bébés adorent mâcher pendant la poussée dentaire.
Pour les auteurs, ces données fournissent des « preuves de base pour les doses d’exposition aux microplastiques chez les nourrissons et les adultes et soutiennent la nécessité d’études supplémentaires avec un échantillon plus grand pour corroborer et étendre », ces résultats. Rappelons que les impacts sur la santé de l’ingestion de microplastiques sont actuellement largement inconnus, mais ils ne sont peut-être pas aussi inoffensifs qu’on le pensait autrefois.