Selon la science, les basses inaudibles nous encourageraient à danser plus fort

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Crédits : Maksym Belchenko / iStock

Pour faire danser un groupe de personnes, des chercheurs ont montré que le rythme échappant à nos oreilles est tout aussi important que la mélodie perçue par nos tympans. Selon une équipe de neuroscientifiques canadiens, les basses à faible fréquence enverraient en effet des ondes pleines de motivation aux fêtards qui aiment danser lors d’un concert de musique.

La danse réunit les peuples comme une constante dans l’histoire humaine. Suivant les sociétés et l’époque cependant, telle ou telle rythmique sera préférée pour faire bouger le public. Toutefois, pour déchaîner les foules, l’arme secrète semble être les basses d’après des scientifiques de l’université de McMaster, située à Hamilton (Canada). Afin de prouver leurs dires, ils ont convié un groupe de DJs réputés pour un concert pas comme les autres.

Un duo de musiciens, une foule prête à danser et une ligne de basse très discrète

Avec des sonorités mêlant techno et musique industrielle, Orphx est un groupe habitué à faire danser les foules depuis 1993. Les deux DJ canadiens ont cependant dû être surpris en recevant un coup de téléphone de l’université McMaster. À l’autre bout du fil, une équipe de neuroscientifiques leur proposait en effet une date très spéciale au LIVELab, un espace à mi-chemin entre laboratoire de recherche et salle de concert.

 

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Les scientifiques ont également invité une quarantaine d’adeptes de musique électronique à la représentation pour venir se déhancher sur la piste de danse. Le concert a duré 55 minutes pendant lesquelles de nombreuses caméras ont capturé en trois dimensions le moindre mouvement des spectateurs.

Pendant le concert, les chercheurs ont passé une bande audio d’une durée analogue toutes les 150 secondes. La piste diffusait dans l’audience des sons composés de basses évoluant à faible fréquence, complètement inaudibles pour l’oreille humaine. Un système indépendant l’émettait dans les épisodes les plus calmes de la représentation d’Orphx comme dans les moments les plus agités. Les résultats étonnants de cette étude ont été publiés dans la revue Current Biology. Ils montrent que les basses de faible fréquence ont un effet réel sur les spectateurs, même s’ils sont incapables de les entendre. Cela ne veut en effet pas dire pour autant que le public ne capte pas ces sonorités.

Les basses de faible fréquence : une mélodie cachée pleine de motivation et de bien-être

En étudiant les images prises pendant le concert, les chercheurs ont réussi à déterminer que les spectateurs bougeaient davantage quand les basses de faible fréquence étaient jouées. Pourtant, ces sons ne sont pas perçus par l’oreille. Alors pourquoi le public s’est-il plus dépensé  pendant ces moments ? Pour expliquer le boost d’énergie procuré par la bande, l’équipe canadienne souligne que la mélodie cachée résonne dans l’intégralité du corps des spectateurs.

Le cerveau ne loupe par exemple pas une miette des basses de faible fréquence. Certaines de ses parties y sont particulièrement réceptives, notamment celles responsables de l’équilibre et de la perception des vibrations, deux éléments clés dans le contrôle psychomoteur d’un individu. Dans notre vie de tous les jours, cet outillage cognitif nous permet de réagir rapidement en cas de contact inattendu avec quelque chose ou lors d’une perte d’équilibre. D’après les scientifiques, les basses de faible fréquence stimuleraient ces parties du cerveau en lien direct avec la gestion du mouvement avec pour résultat des personnes plus motivées à danser.

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Crédits : nd3000 / iStock

Ce n’est pas tout. Les chercheurs révèlent aussi que les participants étaient plus heureux quand les basses de faible fréquence passaient. Dan Cameron, un neuroscientifique à l’université de Hamilton, précise que la musique est « quelque chose que nous utilisons pour nous sentir bien. Quelque chose que nous utilisons pour nous connecter aux autres ». Des auditeurs plus motivés sur la piste de danse augmenteraient ainsi la satisfaction de faire partie d’une communauté coordonnée. Grâce au travail de l’équipe canadienne, nous savons à présent que les basses sont un chaînon invisible et essentiel de ce lien qui nous fait tant vibrer lors d’un concert.