Une baleine à bosse mâle a récemment parcouru une distance record de 13 046 kilomètres à travers trois océans pour avoir des relations sexuelles. Ce voyage exceptionnel, qui sort des comportements migratoires habituels des baleines, révèle des aspects inconnus de leur écologie. Cela laisse craindre que des changements environnementaux puissent avoir des conséquences sur leur reproduction et leur comportement global.
Une migration hors norme : un voyage transocéanique
Les baleines à bosse sont connues pour leurs migrations régulières entre les zones d’alimentation dans les eaux froides des pôles et les zones de reproduction dans les tropiques. Ces déplacements peuvent atteindre jusqu’à 8 000 kilomètres dans le sens nord-sud, mais ils restent généralement confinés à des routes migratoires précises. Ce mâle a cependant franchi une distance bien plus longue, allant de la Colombie, dans l’océan Pacifique, jusqu’aux côtes de Zanzibar, dans l’océan Indien, traversant ainsi plusieurs océans.
Les chercheurs ont pu suivre cet étonnant périple grâce à des photographies prises entre 2013 et 2022, publiées sur la plateforme Happywhale, une base de données d’images de baleines. Ces photos ont révélé la présence du même mâle à deux endroits distincts : d’abord au large de la Colombie, puis, cinq ans plus tard, dans le canal de Zanzibar, au large des côtes de l’Afrique de l’Est.

Une quête sexuelle et les changements environnementaux
Les raisons qui expliquent un tel déplacement restent encore en partie mystérieuses. Cependant, l’une des hypothèses les plus probables est que ce mâle ait cherché à se mêler à une autre population reproductrice. En se rendant dans une nouvelle zone de reproduction, il augmentait en effet ses chances de se reproduire en élargissant son cercle de partenaires potentiels.
Par ailleurs, les images ont montré que la baleine faisait partie de groupes compétitifs où plusieurs mâles se disputent l’attention d’une femelle. Ce comportement semble ainsi confirmer que la principale motivation de ce voyage était liée à la reproduction, le mâle cherchant à augmenter ses chances de s’accoupler en interagissant avec une nouvelle population.
Ce comportement a ouvert de nouvelles perspectives sur l’écologie des baleines à bosse, suggérant que leurs migrations peuvent être plus flexibles qu’on ne l’imaginait jusque-là.
Cependant, d’autres facteurs pourraient également avoir influencé ce périple extraordinaire. Les chercheurs avancent que les changements environnementaux et le réchauffement climatique, qui affectent la distribution de la nourriture et modifient les conditions océaniques, pourraient pousser les baleines à explorer de nouvelles zones. De plus, la croissance de la population de baleines à bosse, bien que positive d’un point de vue écologique, entraîne une compétition accrue entre les mâles lors des saisons de reproduction et d’alimentation. Cette concurrence pourrait inciter certains mâles à entreprendre des voyages plus longs pour se rendre dans des zones moins saturées.