Une expérience de terrain menée en Chine a montré que l’installation de bâches à la surface des glaciers était un moyen efficace pour limiter la fonte estivale, notamment lorsqu’un soin tout particulier est apporté au matériau utilisé. Les résultats ont été publiés dans la revue Remote Sensing le 10 juin dernier.
Depuis une dizaine d’années, les moyens alloués à la préservation des glaciers de montagne se multiplient rapidement. L’un d’eux consiste à les recouvrir de bâches réfléchissantes afin de ralentir la fonte durant la saison chaude. Cette méthode est déjà expérimentée à plusieurs niveaux dans diverses régions du monde, dont les Alpes suisses.
Les bâches en question peuvent être de différentes natures. Afin d’optimiser l’efficacité de la méthode et choisir le matériau le plus réfléchissant, une équipe de chercheurs a testé plusieurs types de bâches sur le glacier n° 1 de la rivière Urumqi (UG1) situé dans la chaîne du Tian Shan (Asie centrale). L’expérience a été réalisée entre le 24 juin et le 28 août 2021. Il s’agit de la première évaluation quantitative menée sur un glacier chinois.

La supériorité des bâches en nanofibres pour ralentir la fonte des glaciers
En recoupant les observations altimétriques et les relevés in situ avec deux modèles à haute résolution, les scientifiques ont trouvé que des trois bâches installées, celle composée de nanofibres présentait la meilleure efficacité avec une réduction artificielle de la fonte estimée à 56 %. Les bâches en géotextiles ont quant à elles limité l’ablation à hauteur de 30 %. Cette différence s’explique en grande partie par le pouvoir réfléchissant (c.-à-d. l’albédo) plus élevé de la couverture en nanofibres, laquelle compense une plus grande partie du réchauffement solaire.

« Les résultats de notre étude démontrent que le potentiel élevé du recouvrement glaciaire peut aider à atténuer les problèmes auxquels font face les régions où la fonte glaciaire est plus élevée ou manquant de ressources en eau, ainsi que les attractions touristiques », rapporte le papier en précisant que « l’utilisation de géotextiles sur le glacier UG1 était moins efficace que pour les expériences similaires menées en Europe ».
Notons pour conclure que ces méthodes de recouvrement sont surtout efficaces localement, voire régionalement dans certaines conditions, mais que le coût d’une application au niveau mondial serait si élevé qu’il est illusoire d’espérer une application à échelle globale, même avec des progrès colossaux.