La population de chiens de compagnie ne cesse de croître à travers le monde. Souvent mis en avant par les médias grand public, posséder un chien est généralement perçu comme un facteur d’amélioration de la vie humaine, notamment en offrant une compagnie et de nombreux bienfaits pour la santé, notamment en renforçant le bien-être. Mais les chiens sont-ils réellement la clé d’une meilleure santé et d’une vie plus heureuse ? Une étude récente de l’université Eötvös Loránd met en lumière les multiples coûts et bénéfices liés à la possession d’un chien, et révèle des aspects émotionnels, physiques et financiers souvent méconnus.
Ces recherches soulignent ainsi les engagements et les responsabilités qu’implique la possession d’un chien, qui peut être à la fois une source de joie et un fardeau, ainsi que l’importance de faire un choix d’adoption éclairé.
Une étude sur les avantages et les coûts cachés de l’adoption d’un chien
Les chiffres sont impressionnants : 65,1 millions de foyers aux États-Unis et 104 millions en Europe possèdent au moins un chien. Alors que la plupart des futurs propriétaires imaginent de longues promenades matinales et des câlins sans fin, ils prennent rarement en compte l’ensemble des implications liées à un compagnon canin. Une nouvelle étude apporte toutefois un éclairage sur les deux faces de cette réalité. Une équipe de chercheurs de l’université ELTE Eötvös Loránd en Hongrie a en effet cherché à comprendre ce qui se passe réellement lorsque les humains partagent leur vie avec un chien. Pour ce faire, ils ont interrogé 246 propriétaires de chiens hongrois et leur ont demandé d’évaluer divers aspects, allant des factures vétérinaires aux liens émotionnels. Leurs conclusions remettent en question certaines idées reçues sur la possession d’un animal de compagnie.
Laura Gillet, auteure principale de cette étude et doctorante au département d’éthologie, et son équipe ont identifié trois dimensions principales dans la relation humain-chien : les aspects positifs (bénéfices émotionnels, physiques et sociaux), les défis (émotions négatives et difficultés pratiques) et le facteur d’engagement (responsabilités quotidiennes et changements de routine).
Surtout, cette étude publiée dans Scientific Reports a combiné deux approches pour obtenir une vue d’ensemble. D’abord, les participants ont évalué 33 affirmations sur la possession d’un chien sur une échelle allant de très négatif (-3) à très positif (+3). Ces affirmations couvraient des sujets tels que « Les chiens peuvent illuminer la vie de quelqu’un » et « Les chiens peuvent causer des dommages matériels ». Ensuite, les propriétaires ont partagé leurs expériences personnelles sur les plus grandes joies et les plus grands défis qu’ils rencontrent avec leurs animaux. Les résultats montrent une image contrastée où se mêlent à la fois des avantages et des défis marqués.
Un grand nombre d’avantages…

L’étude met en évidence plusieurs avantages liés à la possession d’un chien. Les propriétaires ont accordé la note la plus élevée à l’idée que « les chiens illuminent la vie des gens » avec une moyenne de 2,78, ce qui reflète une forte conviction que les chiens améliorent le bien-être humain. Environ 61 % des participants ont cité les liens profonds et significatifs qu’ils développent avec leurs animaux, les considérant comme un soutien indéfectible dans les moments difficiles. Les chiens ont aussi été décrits comme loyaux, honnêtes et offrant un amour inconditionnel par les participants.
Environ 31 % des propriétaires ont également mentionné que les chiens améliorent leur quotidien en favorisant l’activité physique, les aventures en plein air et une routine structurée. Ils ont déclaré être devenus plus actifs et avoir développé de meilleures habitudes quotidiennes grâce à leurs compagnons à quatre pattes. « Les chiens sont des partenaires sociaux précieux », estime Eniko Kubinyi, directrice du département d’éthologie de l’ELTE. « Ils apportent stabilité, structure et compagnie à nos vies. »
… mais aussi des inconvénients
Cependant, bien que les aspects positifs soient importants, l’étude met également en évidence des défis notables. Le coût financier, notamment les dépenses vétérinaires, la nourriture et autres nécessités, constitue notamment la principale préoccupation pour 95 % des répondants.
Toutefois, tout comme dans le film Marley et Moi, la douleur émotionnelle liée à la courte durée de vie des chiens est le problème le plus fréquemment cité. Les propriétaires ont classé cet aspect comme le plus grand inconvénient avec une moyenne de -1,67. De nombreux participants ont aussi souligné le fardeau émotionnel que représente la prise en charge à long terme des chiens tout en affirmant que les problèmes comportementaux ou médicaux peuvent engendrer stress, inquiétude et culpabilité. L’étude montre clairement que les défis incluaient également la prise en charge des animaux malades ou vieillissants ainsi que les limitations en matière de voyages et d’activités sociales.
L’engagement quotidien, notamment les promenades, l’éducation et les soins, constitue un autre challenge, en particulier lorsqu’il perturbe les routines ou impacte le sommeil. « Les responsabilités liées à la possession d’un chien peuvent être perçues à la fois comme une source de joie et de contrainte », conclut Laura Gillet. « Cela dépend en grande partie de la perspective et des circonstances du propriétaire. »

Alors, devriez-vous adopter un chien ?
Bien que posséder un chien ne soit pas toujours une partie de plaisir, la majorité des participants ont estimé que les avantages l’emportaient sur les inconvénients. Globalement, les propriétaires ont en effet attribué des notes positives plus élevées aux aspects bénéfiques qu’aux aspects négatifs. Plus précisément, en moyenne, les déclarations positives ont obtenu une note de +2,06, tandis que les déclarations négatives ont été évaluées à -0,66. Selon les chercheurs, cela penche la balance en faveur de la possession d’un chien.
Cependant, Mme Gillet souligne qu’il est difficile pour la science de déterminer si les chiens sont globalement un avantage pour la majorité des gens. Elle précise : « Ce que les chiens apportent à nos vies n’est pas toujours facilement mesurable. Par exemple, dans notre étude, certains propriétaires ont indiqué que leurs chiens avaient contribué à leur épanouissement personnel et leur avaient donné un but dans la vie, ce qui est difficile à quantifier. » La chercheuse affirme que : « Pour le bien des chiens et des humains, je dirais que posséder un animal est une bonne chose pour toute personne prête à assumer les responsabilités que cela implique. »
Finalement, cette étude insiste surtout sur l’importance de comprendre et prendre en compte à la fois les aspects positifs et négatifs de la possession d’un chien. Informer les futurs propriétaires sur ces réalités pourrait permettre des choix d’adoption plus réfléchis et mieux préparés, ce qui améliorerait ainsi le bien-être des humains et de leurs animaux. Ces travaux soulignent également la complexité de la possession d’un animal de compagnie et encouragent des recherches plus approfondies. Les auteurs mènent d’ailleurs actuellement une nouvelle étude pour approfondir la compréhension des avantages et des inconvénients liés à la possession d’un chien. Si vous comprenez l’anglais, vous pouvez participer à ces recherches en participant au questionnaire en ligne.