Crédits : Dennis HKG / Flickr

Des avions plus écologiques grâce à une peinture inspirée de la peau des requins

Une compagnie aérienne expérimente une peinture peau de requin qui imite l’hydrodynamisme très efficace de ces prédateurs. Son objectif est de diminuer considérablement les turbulences et la résistance au frottement. Ainsi, cela pourrait permettre une diminution de la consommation en carburant de ces appareils.

Un revêtement inédit

De nos jours, l’aviation civile tente de mettre au point des solutions pour limiter les impacts du secteur sur l’environnement et le climat. Rappelons tout de même qu’en 2023, l’aviation représentait environ 2,5 % des émissions mondiales de CO2 en lien avec l’énergie. Or, si certaines compagnies aériennes travaillent sur l’élaboration de biocarburants et sur l’hydrogène, d’autres explorent quant à elles des possibilités qui concernent la peinture recouvrant les appareils.

Le 10 janvier 2025, la chaîne japonaise NHK World révélait en effet que la compagnie Japan Airlines expérimentait une peinture qui s’inspire de la biologie marine. Plus précisément, il s’agit d’une peinture peau de requin qui vise à reproduire l’hydrodynamisme de ces animaux taillés pour la nage rapide. Ce projet ambitieux est mené en collaboration avec la Japan Aerospace Exploration Agency (JAXA), O-Well Corporation et Nikon Corporation.

Rappelons que l’efficacité des requins pour se déplacer dans l’eau réside dans leurs denticules cutanés, c’est-à-dire de minuscules écailles en forme de dents qui mesurent environ 0,2 millimètre. Disposées en motifs complexes, ces écailles génèrent des tourbillons qui réduisent la trainée et permettent un glissage de l’eau plus efficace le long du corps.

denticules cutanés requin
Denticules cutanés du grand requin blanc. Crédits : White Shark Ocean

Une économie de 119 tonnes de carburant par an grâce à cette peinture

La Japan Airlines a testé le fameux revêtement sur deux Boeing 737-800 et les résultats ont montré une réduction de 5 % de la résistance au frottement. Premier appareil à bénéficier de cette innovation, le Boeing 787-9 immatriculé JA868J a reçu ce traitement sur environ 30 % de sa surface à l’aéroport Tokyo Haneda. Or, les projections pour une liaison Tokyo-Francfort (environ 9 300 km) ont donné des résultats positifs. En effet, la peinture permettrait d’économiser 119 tonnes de carburant par appareil chaque année, soit l’équivalent de 381 tonnes en émissions CO2.

« Je pense que la technologie est assez efficace pour améliorer l’efficacité énergétique des avions existants. Nous allons continuer à agrandir la zone où nous appliquons la peinture », a déclaré Ogata Takahiro (JAXA), qui travaille sur le projet.

Les premiers vols de cet appareil permettront de valider pleinement l’innovation. Néanmoins, la Japan Airlines surveillera certains paramètres importants comme la résistance de la peinture aux cycles de pressurisation et dépressurisation, mais également sa durabilité face aux conditions extrêmes de vol, notamment des températures allant de -60 °C à +50 °C. En cas de succès, la surface recouverte sera logiquement augmentée pour les prochains vols.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.