Avec près de -110°C, le record du sommet nuageux le plus froid jamais observé a été battu !

convection
Image satellite infrarouge du 30 novembre 2019 à 4h20 UTC lors de la phase de développement du typhon Kammuri. Crédits : CIMSS / SSEC.

Le 30 novembre dernier, le record du sommet nuageux le plus froid jamais observé sur Terre a été battu. Associée à un typhon en formation dans l’ouest du Pacifique, la température s’est ponctuellement abaissée jusqu’à près de -110 °C. Une valeur qui témoigne d’une activité convective exceptionnellement intense. 

Lundi, les Philippines ont été frappées par le typhon Kammuri. Un phénomène d’une intensité équivalente à un cyclone de catégorie 4 lors de son atterrissage à Gubat, dans la localité de Sorsogon. Il a apporté des vents dépassant localement les 200 km/h et des pluies diluviennes. On déplore actuellement 13 morts et de nombreux dégâts. Un bilan qui va probablement continuer à s’alourdir ces prochains jours.

Une température de sommet nuageux record

Toutefois, ce qui fera entrer Kammuri dans les annales climatologiques ne se trouve ni dans la force des vents, ni dans l’intensité des précipitations. En effet, ces dernières sont restées relativement classiques pour la région. Le paramètre qui a réellement marqué l’histoire du typhon a été la température des sommets nuageux quelques jours plus tôt.

Tandis qu’il atteignait une intensité équivalente à un ouragan de catégorie 1 le 30 novembre, une violente convection prenait place près du centre du système. La virulence des bouffées orageuses était telle que le radiomètre du satellite NOAA-20 a mesuré une température minimale de -109,4°C au sommet des nuages, juste à l’ouest du cœur dépressionnaire. Les parcelles d’air étant propulsées à très haute altitude, là où règne un froid glacial.

sommet nuageux froid record
Image satellite infrarouge du 30 novembre 2019 à 4h20 UTC. La zone centrale en jaune ocre (post-traitée) correspond aux températures les plus froides, dont le record évoqué. Crédits : CIMSS / SSEC.

Or, il s’agit de toute évidence d’un record depuis que l’on dispose d’observations satellitaires. Le précédent était de seulement -102,2 °C. Il remonte au cyclone Hilda qui a frappé l’est du continent australien en 1990. Une étude publiée 2 ans plus tard lui avait d’ailleurs été dédiée.

Une altitude proche de 20 kilomètres

Comme évoqué précédemment, des sommets orageux très froids témoignent d’un développement très profond de la convection orageuse. Le cas échéant, les sommets des cumulonimbus auraient atteint une altitude maximale de ~19,5 kilomètres. Plus précisément, la partie qui forme ce que l’on appelle le sommet pénétrant.

Ce dernier est associé au centre du courant ascendant, lequel jaillit en quelque sorte au-dessus du reste de la couverture nuageuse sommitale. De fait, les particules nuageuses se retrouvent propulsées dans la basse stratosphère. D’où l’origine du terme de sommet « pénétrant ».

Pour l’anecdote, la valeur mesurée fut si basse qu’elle est sortie de l’échelle de couleurs. L’imagerie a donc dû être retraitée manuellement. Cela concerne en fait toute la zone en jaune ocre sur l’image infrarouge présentée plus haut. Enfin, notons que les températures évoquées sont des températures dites de brillance. En d’autres termes, celles déduites de l’intensité du rayonnement infrarouge émis par les hydrométéores.

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