Avec le Starship de SpaceX dans l’Ă©quation lunaire, la NASA et ses partenaires peuvent envisager plus sereinement un avenir permanent sur la Lune. Ensuite viendra la planète Mars.
La dernière dĂ©cennie a Ă©tĂ© un peu frustrante pour la NASA qui, suite au retrait de la navette spatiale en 2011, n’avait aucun moyen d’envoyer ses astronautes dans l’espace. La frustration Ă©tait d’autant plus grande que sous l’impulsion de l’Administration Trump, il a Ă©tĂ© demandĂ© aux États-Unis de retourner sur la Lune pour y rester. Toutefois, les choses commencent Ă changer.
La NASA a en effet fait des progrès significatifs du cĂ´tĂ© de son lanceur super-lourd SLS et de sa capsule Orion. Après une dĂ©cennie de dĂ©veloppement et des milliards investis, les deux structures devraient effectuer un vol d’essai dans quelques mois dans le cadre de la mission Artemis I. Mais surtout, l’agence a jetĂ© son dĂ©volu sur SpaceX comme son unique fournisseur pour ses futurs atterrisseurs lunaires.
Des milliards économisés
Le montant du contrat qui relie la NASA Ă SpaceX s’Ă©lève Ă seulement 2,89 milliards de dollars. Cet accord inclut les coĂ»ts de dĂ©veloppement de Starship, un test de dĂ©monstration sans Ă©quipage et un atterrissage en Ă©quipage dès 2024.
Notez que, pour l’heure, le contrat est suspendu temporairement Ă cause de plaintes dĂ©posĂ©es par Blue Origin et Dynetics, qui concourraient aussi pour l’obtention de cet accord. Le GAO, l’Ă©quivalent de la Cour des comptes française aux États-Unis, doit rendre sa dĂ©cision d’ici dĂ©but aoĂ»t 2021.
Ceci Ă©tant dit, quelques jours après la divulgation de ce contrat, l’inspecteur gĂ©nĂ©ral de la NASA a publiĂ© un rapport incluant les coĂ»ts du système d’atterrissage prĂ©vus initialement par la NASA pour son prochain atterrissage humain sur la lune : 17,3 milliards de dollars.
Ainsi, avec le prix du contrat avec SpaceX, la NASA pourra Ă©conomiser plus de 14 milliards de dollars. Cela signifie que l’agence pourra dĂ©sormais commencer Ă se focaliser sur ce qu’elle pourrait accomplir sur la Lune, en ayant le budget nĂ©cessaire pour cibler un atterrissage dès 2024, mais aussi pour mettre au point un vrai programme lunaire permanent sans avoir besoin de passer systĂ©matiquement par le Congrès.
Nous n’en sommes qu’au dĂ©but. Le programme Starship est encore en phase de test au Texas et rien ne garantit que le vĂ©hicule sera opĂ©rationnel dès 2023-2024. NĂ©anmoins, ce n’est que lorsque vous rĂ©solvez le « problème du transport » que vous pouvez vĂ©ritablement vous focaliser sur ce qui pourrait Ăªtre fait une fois sur place. Et avec le Starship, les possibilitĂ©s sont nombreuses.

Vers un établissement humain permanent
Outre les Ă©conomies de coĂ»ts inhĂ©rentes au dĂ©veloppement du vaisseau, celui-ci pourra livrer une quantitĂ© phĂ©nomĂ©nale de charges utiles sur le sol lunaire. Après avoir fait le plein en orbite basse, un tel engin transportant uniquement une cargaison pourrait en effet dĂ©poser plus de cinquante tonnes en surface dans le cadre d’une mission aller-retour, selon les estimations du physicien Casey Handmer. Un vaisseau Ă©puisable, qui atterrit sur la Lune et y reste, pourrait de son cĂ´tĂ© livrer plus de deux-cents tonnes de charges sur la Lune.
Il est difficile d’apprĂ©hender une telle cargaison. Pour mieux nous rendre compte, nous pourrions par exemple considĂ©rer le module lunaire utilisĂ© dans le cadre du programme Apollo. Dans une configuration « fret » uniquement, il a Ă©tĂ© estimĂ© que ce vĂ©hicule pouvait rapporter environ cinq tonnes de charge utile sur la surface lunaire. Ainsi, Starship aurait la capacitĂ© de rapporter plus de quarante fois plus de matĂ©riel sur notre satellite par mission. Telle est la clĂ© de la durabilitĂ©.
Si le programme Starship tient ses promesses, la NASA n’aurait ainsi plus Ă envisager de brèves incursions sur la Lune, mais pourrait construire une ou plusieurs bases très rapidement et Ă moindres coĂ»ts, permettant finalement un Ă©tablissement humain permanent.