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Pourquoi l’Australie prévoit-elle de tuer 10 000 chevaux sauvages ?

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Crédits : Snuffleupagus/Pixabay

En Australie, des chercheurs affirment que la population à croissance rapide des chevaux sauvages dans un parc national alpin doit être considérablement réduite. Ils soulignent en effet que les équidés menacent de nombreuses espèces indigènes. Les responsables de la faune prévoient de tuer ou de reloger plus de 10 000 de ces animaux dans les mois à venir.

Réguler la population des chevaux

On dénombre aujourd’hui plus de 25 000 chevaux sauvages en Australie, d’après un relevé aérien fait en 2019. La majorité de ces équidés, également connus localement sous le nom de « brumbies », vivent dans la région alpine australienne. Vous la retrouverez à l’intersection des États de Nouvelle-Galles-du-Sud, de Victoria et du Territoire de la capitale australienne (enclavé au sud-est de la Nouvelle-Galles-du-Sud).

Cet environnement alpin ne couvre qu’une infime partie du territoire australien (environ 1%), mais il compte de nombreuses espèces endémiques. Les chevaux s’y reproduisent rapidement et causent de nombreux dommages étendus à l’écosystème de toute la région.

Le parc national de Kosciuszko, en Nouvelle-Galles-du-Sud, est particulièrement touché par « l’invasion » de ces chevaux. On en dénombre ici plus de 14 000. Pour tenter de limiter les dégâts, les autorités de la faune australienne ont proposé un plan publié le 1er octobre visant à réduire le nombre de ces chevaux à environ 3 000. In fine, la population serait alors contenue à 32 % du parc.

Ces animaux pourraient être abattus par tirs aériens. Ils pourraient également être déplacés vers des terrains privés. Toutefois, ce type de procédure prend du temps et coûte cher. Depuis 2002, seul un millier de chevaux sauvages en Nouvelle-Galles-du-Sud ont en effet été relogés avec succès.

D’après les autorités, ce plan protégera la zone tout en préservant la « valeur patrimoniale » des brumbies (bien qu’ils aient été initialement importés par les colons européens).

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Crédits : kasabubu/Pixabay

Écouter la science et non les groupes de pression

La mesure pourrait paraître déjà très ambitieuse (plus de 10 000 chevaux concernés). Toutefois, certains chercheurs estiment qu’elle ne sera pas suffisante. Dans une lettre ouverte publiée le 29 octobre dernier dans la revue Nature, 69 scientifiques de l’Académie australienne des sciences affirment qu’une réduction plus importante des effectifs sera en effet nécessaire pour véritablement protéger le parc. Les chercheurs dénoncent la capitulation des autorités devant des groupes de pression « pro-brumbies », ignorant les preuves scientifiques.

Les autorités doivent « écouter la science, les dernières preuves et recommandations sur la meilleure façon de protéger le parc des dommages importants causés par les chevaux sauvages« , résume ainsi John Shine, président de l’Académie australienne des sciences. « Agir autrement montrerait un mépris pour les écosystèmes indigènes australiens menacés et les espèces menacées d’extinction imminente et menacées par les chevaux sauvages« .

Le gouvernement de la Nouvelle-Galles-du-Sud « n’aurait pas pu choisir un pire endroit » pour permettre aux chevaux sauvages d’errer, assure de son côté David Watson, écologiste à l’Université Charles Sturt. La région abrite en effet un certain nombre d’espèces menacées et vulnérables. En outre, aucun mammifère à sabots n’a véritablement évolué en Australie. Aussi, les brumbies causent également beaucoup de dégâts à une végétation délicate qui n’a pas évolué pour leur résister. Autrement dit, ces zones sont tout simplement trop fragiles pour que de gros herbivores puissent y piétiner.

Dans leur lettre, les scientifiques exhortent le National Parks and Wildlife Service à réduire le nombre de chevaux à « bien en dessous » des 3 000 proposés. Ils demandent également à ce que l’ensemble du parc soit protégé, et non les deux tiers.

Brice Louvet, expert espace et sciences

Rédigé par Brice Louvet, expert espace et sciences

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.