Pour sauver son miel, l’Australie tue des abeilles par millions

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On asperge les ruches d’alcool et on les fait brûler. Depuis la semaine dernière, ce cycle se répète à Newcastle, en Australie. Des millions d’abeilles sont en effet ciblées et détruites pour aider à contenir la propagation de l’acarien mortel varroa, réapparu dans le pays il y a quelques jours. L’objectif de cette mesure est de protéger l’industrie du miel.

Varroa destructor est une espèce d’acariens parasites ressemblant à un petit crabe aplati originaire de l’Asie du Sud-Est et connue pour s’attaquer aux abeilles. Dans le cadre de ce processus, le parasite, une femelle, infiltre d’abord le couvain avant de pondre ses Å“ufs. Une fois éclose, la nouvelle génération pompe ensuite le sang des nymphes et des abeilles adultes. Privés de leurs protéines, les insectes ne sont alors plus en mesure de produire du miel.

L’abeille domestique européenne (Apis mellifera) est particulièrement vulnérable face à ce parasite, car elle s’épouille assez mal et son cycle de développement est plus long. Cela permet à l’acarien de se reproduire en plus grand nombre. Varroa destructor est ainsi connu depuis longtemps pour provoquer des pertes économiques importantes en apiculture. Il est également l’une des causes de la diminution du nombre d’abeilles.

Jusqu’à récemment, l’Australie en était encore exempte malgré trois incursions en 2016, 2019 et 2020, toutes éradiquées avec succès. Il y a quelques mois, l’acarien s’est finalement réimplanté près du port de Newcastle, en Nouvelle-Galles-du-Sud, représentant un nouveau danger pour l’industrie du miel dans le pays. L’acarien menace également l’industrie horticole dans son ensemble, car les abeilles sont utilisées pour aider à polliniser les cultures.

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Un varroa sur une abeille. Crédits : Eric Erbe, Christopher Pooley

Plus de 18 millions d’abeilles perdues

Depuis plusieurs semaines, les autorités locales s’efforcent d’éliminer les ruches infectées pour éviter que les acariens, qui se déplacent à dos d’abeilles, n’infectent les autres. « L’un des plus grands défis de l’effort de confinement actuel consiste à déterminer l’emplacement des ruches et à cartographier la propagation des acariens dans la région« , souligne au NYT Danny Le Feuvre, directeur par intérim de l’Australian Honey Bee Industrial Council.

Avec son équipe, ils se sont associés à au moins trois cents apiculteurs pour visiter les fermes et aider les autorités dans leurs campagnes d’inspection. Dans un premier temps, les ruches sont aspergées d’alcool. Des feuillets collants sont ensuite utilisés pour attraper les abeilles et vérifier si elles sont infectées. Si c’est le cas, la ruche est brûlée.

Jusqu’à présent, au moins 600 ruches, contenant chacune environ 30 000 abeilles, ont été détruites dans la région, ce qui représente environ dix-huit millions d’abeilles perdues. Et ce n’est probablement pas fini. Il y a quelques jours, les autorités ont en effet isolé au moins neuf autres sites infectés, dont un situé à près de 400 kilomètres de Newcastle.