Australie : des requins menacés trouvés dans les « Fish and chips »

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Crédit : LukeL/Pixabay

La fraude alimentaire dans l’industrie des produits de la mer est une préoccupation croissante. Parmi les divers types de fraudes sur les produits de la mer, l’étiquetage erroné et la substitution d’espèces sont courants et ont des implications potentielles sur la santé humaine, l’économie et la conservation des espèces. En témoigne cette nouvelle étude concentrée sur le contenu des « flocons » (un terme générique utilisé pour les filets de poisson) vendus dans toute l’Australie-Méridionale. D’après les analyses, une grande partie du produit vendu contenait des espèces de requins menacées.

La demande pour la validation de l’authenticité des aliments n’a jamais été aussi grande et forte. À cette fin, des efforts sont faits dans de nombreux secteurs, mais celui des produits de la mer est toujours difficile à gérer pour différentes raisons.

Tout d’abord, ces produits sont souvent capturés dans la nature et commercialisés à l’échelle mondiale. Par conséquent, les activités illégales peuvent être difficiles à détecter ou à surveiller. Les chaînes d’approvisionnement sont également complexes et souvent obscures, offrant de multiples opportunités de fraude (intentionnelle ou non). En outre, la traçabilité des produits de la mer jusqu’à l’espèce et le point d’origine est encore compliquée par le fait que de nombreux produits sont commercialisés sous une forme transformée, avec des goûts et des textures similaires. On estime ainsi que les produits à base de poisson constituent la deuxième catégorie d’aliments la plus exposée au risque de fraude, après les graisses et les huiles.

Des code-barres ADN pour vérifier les espèces

Parmi les principales fraudes figure l’étiquetage incorrect des espèces dans un produit. L’objectif, lorsque la fraude est intentionnelle, est d’atteindre une marge bénéficiaire plus élevée. Une autre intention potentielle de cette fausse représentation des espèces est la dissimulation aux acheteurs d’éventuelles implications pour la santé ou des coûts environnementaux des produits vendus.

En ce qui concerne les poissons transformés, y compris ceux proposés dans les célèbres « Fish and chips », l’identification morphologique n’est pas toujours possible, mais des techniques moléculaires telles que le « code-barres ADN » peuvent jouer un rôle clé dans la vérification des espèces. Dans le cadre d’une nouvelle étude, des chercheurs ont utilisé cette technique pour isoler de possibles traces de requins dans ces filets vendus en Australie.

Dans ce pays, les requins gommeux (Mustelus antarcticus) et de Nouvelle-Zélande (Mustelus lenticulatus) relèvent tous deux du terme générique « flocon » en tant qu’espèces de requin pêchées de manière durable. Cependant, le système de classification n’est pas obligatoire en Australie. De fait, l’absence de directives claires garantissant l’authenticité et la conformité de la vente de viande de requin ouvre potentiellement la porte à des pratiques frauduleuses.

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Mustelus antarcticus. Crédits : Rudie H. Kuiter

Au moins neuf espèces menacées

Pour ces travaux, les chercheurs se sont concentrés sur le gène COI mitochondrial pour identifier les espèces non incluses dans les directives de l’Australian Fish Names Standard (AFNS). Côté résultats, seuls 27% des échantillons testés respectaient les directives de l’AFNS. Parmi les autres échantillons, les chercheurs ont isolé les traces d’au moins neuf autres espèces de requins, dont certaines figurent sur la Liste rouge de l’UICN comme étant menacées.

Que ces fraudes alimentaires soient commises volontairement ou non, cette étude montre une fois de plus qu’une réglementation inappropriée met en danger les espèces menacées. Rappelons qu’à l’échelle mondiale, les requins sont déjà pêchés illégalement pour leur viande, leurs ailerons, leur huile de foie et leur cartilage, ainsi que pour leur peau. Cette surexploitation, combinée à un faible taux de reproduction, fait alors chuter les populations.

Notons enfin qu’en plus des problèmes de gestion et de conservation, ces fraudes ont également des ramifications potentielles pour la santé humaine, certaines espèces de requins étant plus sujettes à la bioaccumulation de métaux lourds.

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Food Control.