En Australie, des chercheurs ont étudié de près la dérive d’une carcasse de baleine à bosse. L’objectif ? Donner davantage de précisions aux autorités quant à la possibilité de remorquer une baleine morte en mer et savoir où elle finira.
Baleines échouées : les modèles informatiques ont des difficultés
Lorsqu’une baleine perd la vie en mer, plusieurs problématiques apparaissent. Le cadavre peut non seulement attirer de nombreux requins, mais son échouage sur une plage peut surtout devenir un véritable problème pour les autorités et les populations locales d’un point de vue logistique (pour l’évacuation), esthétique, mais aussi en ce qui concerne les odeurs. Or, si la plupart des baleines mortes en mer ne s’échouent pas sur les littoraux, l’Australie récupère tout de même entre trente et quarante carcasses par an. Ce nombre a par ailleurs tendance à augmenter depuis l’interdiction de la chasse commerciale dans la région dans les années 1980.
Dès lors qu’une baleine morte s’échoue sur une plage, plusieurs solutions existent pour s’en débarrasser. Cela va de l’enfouissement au dynamitage, en passant par la transformation en compost ou en biodiesel. Parfois, les autorités remorquent les carcasses en pleine mer pour qu’elles y terminent leur décomposition avant de couler (un processus qui peut durer plusieurs semaines). Toutefois, cette méthode a ses limites, car rien ne permet de s’assurer que la carcasse ne s’échouera pas ailleurs. Viennent alors les modèles informatiques, capables de prédire les déplacements d’objets flottants. Cependant, ils éprouvent des difficultés lorsqu’il s’agit d’objets très volumineux aux formes peu communes comme les cadavres de baleine.
Le suivi a porté ses fruits
À l’Université Griffith (Australie), une équipe de chercheurs tente d’optimiser ces méthodes, comme en témoigne une publication dans la revue Marine Science and Engineering du 10 juillet 2024. Les scientifiques expliquent avoir étudié de près la dérive d’une baleine à bosse morte au large du Queensland, au nord-est du pays. L’animal, dont la tête manquait, mesurait quatorze mètres de long pour une masse de vingt-cinq tonnes. Repérée le 16 juillet 2023 par un garde-côtes, la carcasse a dérivé sur une distance de quatre kilomètres en une journée. Les chercheurs y ont attaché un traceur satellite afin de suivre ses déplacements jusqu’à son échouage le 18 juillet. La carcasse a ensuite été remorquée jusqu’à 30 km du littoral avant de dériver sur une distance de 150 km et de finalement sombrer dans les profondeurs.
Plusieurs conclusions ont été formulées après ce suivi. Lors des premiers jours, quand la carcasse flotte près de la surface, la force du vent, et non le courant, est un des facteurs les plus importants. Par ailleurs, les chercheurs ont eu recours à un modèle informatique spécialisé dans le sauvetage en mer et la prédiction de mouvements de certains objets dont la taille peut être comparée à celle d’une baleine, par exemple un radeau de sauvetage. Or, les prédictions étaient assez précises les premiers jours, mais devenaient plus approximatives au fil du temps. Les chercheurs ont en effet indiqué un écart de dix à vingt kilomètres entre la réalité et la simulation pas moins de six jours après la découverte de la baleine.
Désormais, les scientifiques australiens désirent répéter l’expérience avec d’autres carcasses et tenter d’obtenir de meilleurs résultats. Le but est de permettre aux autorités de bénéficier d’un outil fiable capable de déterminer si remorquer une carcasse de baleine en mer est utile et où elle finira sa course.