Pour avoir une chance de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, près de 60 % du pétrole et du gaz ainsi que 90 % des réserves mondiales de charbon doivent être laissés sous terre. C’est ce que montre en effet une étude publiée le 8 septembre dernier dans la revue scientifique Nature.
Or, un jour seulement après la parution du papier, l’Australie a déclaré qu’elle continuerait à extraire et exporter son charbon au cours des prochaines décennies, et ce, afin de répondre à une demande mondiale croissante.
Selon les travaux susmentionnés, le pays devrait pourtant laisser 95 % de son stock là où il se trouve. Une privation forte qui tient en partie au fait que le charbon est la ressource la plus émettrice de dioxyde de carbone (CO2), devant le pétrole et le gaz naturel. Mais le gouvernement australien ne l’entend pas de cette oreille. Le Premier ministre, Scott Morrison, a par exemple indiqué que ces exportations étaient nécessaires pour subvenir aux besoins des pays en développement et à la bonne santé économique du pays.
L’Australie sous l’influence d’une politique conservatrice et libérale
« Nous continuerons à exploiter les ressources que nous sommes en mesure de vendre sur le marché mondial » a déclaré ce jeudi le Premier ministre australien lors d’une conférence de presse. « Nous prévoyons évidemment qu’avec le temps, la demande mondiale pour ces choses peut changer ». Pour ces raisons, Canberra avait refusé de s’aligner sur un objectif de neutralité carbone, le gouvernement préférant promettre une assurance d’emploi de long terme pour les quelque 50 000 travailleurs qui dépendent de l’industrie charbonnière.

S’il est une certitude, c’est que cette position de l’Australie n’oriente pas le monde dans le sens d’un respect de l’Accord de Paris sur le climat. Pour rappel, ce dernier vise à « limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2 °C et poursuivre les efforts pour maintenir l’augmentation des températures à 1,5 °C par rapport à l’époque préindustrielle ».
Un état des lieux concernant les objectifs avancés par les États en 2015 se fera en novembre prochain lors de la COP26 à Glasgow (Écosse). En effet, les années passent et les émissions de gaz à effet de serre se poursuivent à un rythme inchangé – en négligeant l’effet temporaire lié à la pandémie de Covid-19. De fait, nous en sommes déjà à 1,1 °C de réchauffement en moyenne globale. Les négociateurs des 196 pays qui se réuniront en fin d’année devront urger à trouver des pistes pour réorienter le monde sur une trajectoire socio-économique plus vertueuse. Vaste projet.