Aucune naissance pour les baleines noires cette année, pire bilan depuis 30 ans

Crédits : Flickr / Lauren Packard

La saison de mise bas des baleines noires, en danger critique d’extinction, annonce un avenir sombre. On ne dénombre en effet aucun nouveau-né au cours des quatre derniers mois. Une « sécheresse reproductive » jamais connue depuis au moins trois décennies.

Docile, lente et exceptionnellement riche en huile, l’espèce a Ă©tĂ© intensĂ©ment chassĂ©e, et reste aujourd’hui encore la plus menacĂ©e de tous les cĂ©tacĂ©s. Il faut ainsi compter sur les naissances. Aussi appelĂ©es baleines franches, les baleines noires mettent gĂ©nĂ©ralement bas au large de la cĂ´te sud-est des États-Unis entre dĂ©cembre et fin mars. Les chercheurs ont enregistrĂ© entre une et 39 naissances chaque annĂ©e depuis le dĂ©but des surveillances en 1989. Cette saison semble en revanche faire exception, avec zĂ©ro naissance enregistrĂ©e. « C’est un moment charnière pour les baleines noires », note Barb Zoodsma, qui supervise le programme de rĂ©tablissement de la baleine noire dans le sud-est des États-Unis pour le National Marine Fisheries Service. « Si nous ne devenons pas sĂ©rieux et ne comprenons pas cela, cela pourrait très bien Ăªtre le dĂ©but de la fin ».

Les surveillances devraient se terminer ce samedi, mais les chercheurs ne s’attendent pas à découvrir de nouveau-né d’ici là. Et c’est un problème. Les scientifiques estiment qu’il ne reste plus que 450 baleines noires de l’Atlantique Nord, et l’espèce a terriblement souffert en 2017. En effet, 17 baleines ont disparu aux États-Unis et au Canada l’année dernière, dépassant de loin les cinq naissances enregistrées. En l’absence d’un rebond des naissances l’hiver dernier, la population globale pourrait diminuer davantage en 2018.

« C’est vraiment alarmant », explique Philip Hamilton, du New England Aquarium de Boston, qui a Ă©tudiĂ© les baleines noires pendant une trentaine d’annĂ©es. « Après une annĂ©e de mortalitĂ© aussi Ă©levĂ©e, il est clair que la population ne peut pas maintenir cette trajectoire ». Les scientifiques chercheront d’éventuels nouveau-nĂ©s retardataires lorsque les baleines reviendront dans leurs aires d’alimentation au nord-est des États-Unis ce printemps. C’est ce qui s’est produit l’annĂ©e dernière, lorsque deux bĂ©bĂ©s, jusque-lĂ  invisibles, ont Ă©tĂ© repĂ©rĂ©s dans la baie de Cape Cod.

Il est Ă©galement possible que les baleines franches observent une sorte de « baby-boom » l’annĂ©e prochaine. Les femelles prennent gĂ©nĂ©ralement trois ans ou plus entre les grossesses, de sorte que les naissances peuvent fluctuer d’annĂ©e en annĂ©e. En 2000, par exemple, un seul petit avait Ă©tĂ© repĂ©rĂ© en 2000, suivi par 31 nouveau-nĂ©s en 2001, la deuxième meilleure saison jamais enregistrĂ©e. Les futures naissances Ă©tant incertaines, les chercheurs affirment nĂ©anmoins qu’il reste beaucoup Ă  faire pour prĂ©venir les causes humaines de nombreux dĂ©cès de baleines noires. Les autopsies effectuĂ©es sur les 17 baleines mortes l’annĂ©e dernière ont rĂ©vĂ©lĂ© qu’au moins quatre d’entre elles avaient Ă©tĂ© heurtĂ©es par des navires, et deux sont mortes emmĂªlĂ©es dans des filets de pĂªche.

Les scientifiques soupçonnent d’ailleurs que ces enchevĂªtrements sont en partie Ă  l’origine de la baisse des naissances des baleines noires. MĂªme dans les cas oĂ¹ ils ne sont pas mortels, le stress des femelles prises au piège peut rendre les grossesses plus difficiles.

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