Au temps des dinosaures, les serpents avaient des pattes arrière

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Crédits : Raúl Orencio Gómez

De nouvelles recherches suggèrent que les premiers serpents qui évoluaient au temps des dinosaures ont gardé leurs pattes arrière pendant 70 millions d’années.

Si vous aviez parcouru les terres argentines il y a 100 millions d’années, vous auriez pu tomber sur de gigantesques sauropodes ou sur des théropodes carnivores. Vous auriez également pu faire la rencontre d’un animal encore plus étrange : un énorme serpent baptisé Najash rionegrina doté de petites pattes arrière.

L’histoire évolutive des serpents en général reste encore très floue, en grande partie parce que leur squelette a beaucoup de mal à se fossiliser. Nous savons qu’ils descendent des lézards et qu’avec le temps leurs pattes sont devenues plus petites avant de finalement disparaître. On ne sait pas exactement combien de temps ce processus s’est déroulé, mais on suggérait jusqu’à présent que tout s’était fait assez rapidement.

Or, de nouvelles recherches faites des paléontologues de l’Université Maimónides de Buenos Aires ont dévoilé que ces anciens serpents ont évolué avec ces petites pattes beaucoup plus longtemps que prévu.

Sur pattes pendant 70 millions d’années

Ces nouveaux résultats s’appuient sur les découvertes en Patagonie, entre 2012 et 2017, d’une douzaine de crânes et une demi-douzaine de squelettes appartenant à l’espèce Najash. Ces fossiles, qui couvrent plusieurs périodes, ont été particulièrement bien conservés, ce qui a permis aux chercheurs de construire des images en 3D de l’anatomie de ces serpents.

Il est alors ressorti de ces analyses que cette espèce avait conservé ses pattes arrière pendant au moins 70 millions d’années. Cette découverte suggère que ces membres n’ont pas été un « frein » à leur évolution comme on pouvait le suggérer auparavant. Si tel avait été le cas, ils auraient été abandonnés plus rapidement.

Reste à savoir pourquoi les serpents ont ensuite perdu leurs membres. Pour le moment, il est difficile de répondre à la question. « La perte de membre ne s’est pas produite une seule fois chez un ancien serpent et tous les serpents sont nés ensuite sans membres« , explique Fernando Garberoglio, principal auteur de l’étude. « Cette réduction s’est probablement produite chez plusieurs groupes de serpents, à des moments différents et pour des raisons différentes ».

Les serpents anciens, comme ceux évoluant de nos jours, vivent en effet dans une grande variété d’environnements. Vous en retrouvez dans les océans et dans les déserts, dans les sous-sols et dans les arbres. Ils se déplacent et se nourrissent également très différemment. Pointer du doigt une unique pression évolutive induisant cette perte de membres est donc très compliqué.

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Certains des fossiles retrouvés en Argentine. Crédits : Université Flinders

La gueule grande ouverte

Ces recherches ont également permis d’isoler un os jugal en forme de « L » dans le crâne de Najash. Or, on retrouve le même chez les lézards modernes. En revanche, les serpents modernes possèdent un os en forme de « I ». Autrement dit, au cours de leur évolution, cette découverte confirme que les serpents ont peu à peu perdu la barre inférieure de leur « L », ce qui leur a permis d’accroître la flexibilité de leurs mâchoires.

Grâce à cette évolution, les serpents ont été en mesure de manger des proies beaucoup plus grosses.

Pour l’expliquer, il est possible que ces reptiles aient fréquenté des environnements où la nourriture était rare. Ils ne mangeaient donc pas tout le temps. Avoir la capacité de manger de plus gros animaux pouvait ainsi devenir avantageux. C’est d’ailleurs aussi peut-être pour cette raison qu’ils ont survécu à l’extinction des dinosaures.

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