Au Rwanda, de jeunes gorilles ont appris à démanteler les pièges des braconniers

Crédits : Dian Fossey Gorrilla Fund

Quelques jours après que le piège d’un braconnier ait tué un jeune gorille de montagne dans le Parc national des volcans du Rwanda en 2012, les chercheurs ont repéré quelque chose de remarquable : deux gorilles de quatre ans travaillant ensemble pour démonter des pièges similaires dans la région.

Condamnés dans les années 1980, ces géants des montagnes du Rwanda ont vu leur population augmenter ces 20 dernières années. Mais il arrive encore des accidents. Leur pire ennemi : les pièges à antilopes et à buffles. Mais les gorilles sont intelligents et ils apprennent, comme l’a prouvé une scène incroyable filmée il y a quelques années par l’association de protection Dian Fossey Gorilla Fund. Quelques jours après la mort d’un jeune gorille dans un piège de braconnage, deux gorilles des montagnes, âgés d’à peine quatre ans, avaient été aperçus travaillant de concert pour détruire les pièges des braconniers. Les deux jeunes courageux, prénommés Dukore et Rwema, avaient fini par détruire le piège.

« Aujourd’hui, notre équipe présente sur le terrain a observé plusieurs jeunes gorilles du groupe Kuryama détruisant des pièges ! », raconte Veronica Vecellio, la coordinatrice du programme pour les gorilles du Dian Fossey Gorilla Fund au Karisoke Research Center. « John Ndayambaje, notre coordinateur des données de terrain, a raconté qu’il a vu un piège très proche du groupe. Comme les gorilles se déplaçaient en direction du piège, il a décidé de le désactiver », rapporte-t-elle. Mais Vuba, un gorille à dos argenté, lui a grogné dessus en signe d’avertissement et « au même moment, les jeunes Dukore et Rwema, ainsi que Tetero au dos noir, ont couru vers le piège et ont détruit ensemble la branche utilisée pour tenir la corde. Ils ont vu un autre piège à proximité et, aussi rapidement que précédemment, ils ont détruit la seconde branche et tiré la corde sur le sol. »

Les pièges fonctionnent en attachant un nœud coulant à une tige de bambou. La tige est pliée vers le sol, maintenue en place avec une pierre, et le tout est caché avec des feuilles et des branches sèches. Quand un animal arrive et déplace involontairement la pierre, la branche jaillit et resserre le nœud autour de la proie, la tenant en place jusqu’à ce que les braconniers reviennent. « Si la créature est assez légère, elle sera effectivement hissée dans les airs », écrit Ker Than, pour le National Geographic. Si les gorilles adultes sont assez grands et forts pour s’en extraire, les jeunes ne le sont souvent pas. Ils meurent ensuite bien souvent des leurs blessures – dislocations, coupes gangreneuses notamment.

Les gorilles concernés ici forment une sous-espèce du Gorille de l’Est appelée Gorilla beringei beringei. Ces animaux sont aujourd’hui toujours gravement menacés. Ainsi, la population ne peut tout simplement pas supporter la perte constante de jeunes gorilles. Les chercheurs soupçonnent que la confiance et la rapidité avec lesquelles ces deux jeunes gorilles ont détruit les pièges signifient qu’ils ont appris, d’une part qu’ils étaient dangereux, et d’autre part qu’ils avaient appris à les démanteler auparavant.

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