Au moment de s’affronter, les poissons combattants synchronisent leurs gènes !

poisson combattant
Crédits : Pikist

Bien connus pour leur comportement belliqueux, les poissons combattants ont rĂ©cemment fait l’objet de recherches Ă©tonnantes. En effet, durant un affrontement entre deux mâles s’opère une synchronisation Ă  l’Ă©chelle molĂ©culaire ! L’objectif ? Modifier ses actions pour mieux correspondre Ă  son adversaire.

Un comportement violent

Le poisson combattant (Betta splendens) ou « combattant du Siam » est un poisson originaire des eaux d’Asie du Sud-Est. Celui-ci est très couramment Ă©levĂ© en captivitĂ©, comme poisson d’aquarium. Toutefois, il faut savoir que son nom trouve sa source dans son comportement. En effet, deux mâles doivent absolument ĂŞtre maintenus dans deux aquariums sĂ©parĂ©s afin d’Ă©viter un combat mortel. Le poisson combattant est si belliqueux qu’il peut mĂŞme tenter de s’attaquer Ă  son propre reflet dans un miroir !

Une Ă©tude asiatique parue dans la revue PLOS Genetics le 17 juin 2020 s’est intĂ©ressĂ©e Ă  ce poisson hors norme. Or, les chercheurs ont observĂ© qu’entre deux adversaires mâles existait un lien très particulier.

Le poisson combattant est agressif envers un congĂ©nère lorsqu’il devient question de montrer sa domination. Lorsque cette mise en garde ne fonctionne pas, le combat est inĂ©vitable et peut ĂŞtre mortel. Ainsi, les chercheurs ont observĂ© des combats de plusieurs minutes, ce qui a permis de faire une dĂ©couverte Ă©tonnante. En effet, chacun des opposants tente de modifier ses actions pour imposer son comportement agressif Ă  son adversaire. Au final, les deux poissons effectuent une sorte de danse synchronisĂ©e, tout simplement parce que ces derniers s’influencent mutuellement.

poisson combattant
Crédits : Denise Chan / Wikipedia

Une « collaboration » au niveau moléculaire

Mais le plus Ă©tonnant reste Ă  venir. Les meneurs de l’Ă©tude ont pratiquĂ© une analyse du cerveau des poissons combattants. Selon les rĂ©sultats, l’expression des gènes dans les cellules nerveuses des deux adversaires est Ă©galement en phase ! Les chercheurs expliquent que les deux poissons ont connu des changements similaires dans l’activitĂ© des gènes liĂ©s Ă  l’apprentissage, Ă  la mĂ©moire et Ă  la fonction synaptique. Il en va de mĂŞme pour le transport ionique Ă  travers les membranes cellulaires. Par ailleurs, plus le combat dure longtemps, plus le degrĂ© de synchronisation est important.

Les chercheurs Ă©voquent des vagues de transcription, c’est-Ă -dire de synthèse d’un messager ARN Ă  partir d’une portion d’ADN. Or, ces transcriptions seraient dĂ©clenchĂ©es par ces deux poissons ayant un comportement similaire dans des conditions identiques. Autrement dit, le comportement belliqueux de deux poissons combattants aurait un aspect collaboratif au niveau molĂ©culaire.

En 2018, des chercheurs Ă©tasuniens ont dĂ©couvert une synchronisation de l’activitĂ© cĂ©rĂ©brale de deux macaques vivant le mĂŞme Ă©vĂ©nement. Selon les meneurs de l’Ă©tude, il pourrait s’agir d’un nouveau champ de recherches en neurosciences. L’objectif ? DĂ©tecter les activitĂ©s inter-cĂ©rĂ©brales anormales durant des interactions sociales humaines.