Au Japon, les coraux jaune-vert sont les plus résistants au blanchiment

Acropora tenuis coraux
Crédits : Okinawa Institute of Science and Technology

À Okinawa, les coraux d’une espèce bien particulière semblent mieux résister face au blanchiment. Toutefois, cette espèce se présente sous trois couleurs différentes, mais une seule survivrait mieux que les autres.

Les coraux de couleur jaune-vert résistent mieux

En octobre 2020, nous évoquions le fait que la Grande Barrière de Corail a perdu la moitié de ses coraux depuis 1995. La montée de la température des océans en raison du réchauffement climatique est ici en cause. En raison du stress généré par cette hausse de la température, les coraux chassent les algues dont ils dépendent. S’en suit alors un blanchiment des coraux précédant généralement leur mort. Dans une publication dans la revue G3 le 23 janvier 2021, des chercheurs du Okinawa Institute of Science and Technology (Japon) ont toutefois fait part de leurs derniers travaux. Le long des côtes de l’archipel d’Okinawa, l’espèce de corail Acropora tenuis, qui se présente sous trois couleurs : brun, violet et jaune-vert, semble survivre plutôt bien.

Les chercheurs étudient ces coraux depuis 2017, année durant laquelle l’eau de la région a été particulièrement chaude. Or, les coraux bruns et violets ont blanchi à des niveaux différents et un nombre non négligeable d’entre eux ont disparu. Néanmoins, ceux de couleur jaune-vert n’ont pas blanchi et ont prospéré.

Comment expliquer cette différence de résilience ? Rappelons que les coraux appartiennent à l’ordre des Scléractiniaires. Ils sont donc zooxanthellés, autrement dit abritant des algues zooxanthelles. Selon Noriyuki Satoh, principal chercheur de l’étude, cette différence « peut être liée aux différents types d’algues symbiotiques qui photosynthétisent pour le corail et lui fournissent de l’énergie ». Ainsi, la perte de pigmentation de ces algues peut aboutir au blanchissement des coraux. Toutefois, ce ne serait pas le cas pour l’espèce Acropora tenuis.

coraux
Crédits : Okinawa Institute of Science and Technology

Des réponses du côté de la génétique

Des travaux antérieurs ont déjà montré que certaines algues symbiotiques sont plus résistantes au changement climatique. Or, les trois formes de l’espèce de corail Acropora tenuis hébergent des algues similaires. Dans le cadre de leurs travaux, les scientifiques ont alors enquêté du côté de la génétique pour trouver des réponses. En étudiant le génome de cette espèce, ils ont trouvé cinq gènes produisant des protéines fluorescentes vertes, deux pour les protéines fluorescentes cyan et trois pour le rouge. Citons également sept gènes pour la chromoprotéine.

Durant l’été, l’intégralité des coraux produit peu de protéines cyan et rouge. Le reste du temps, les coraux bruns et jaune-vert produisent davantage de protéines vertes que les coraux violets. Néanmoins, ces derniers produisent plus de chromoprotéines. Au retour de l’été, les coraux jaune-vert maintiennent un niveau élevé de protéines vertes. Cependant, ce niveau s’affaiblit du côté des coraux bruns. Pour ce qui est des coraux violets, leur blanchiment est intermédiaire, mais selon les chercheurs, ceci serait le fait de leur « préférence » pour la chromoprotéine.

Les chercheurs ont ainsi identifié des corrélations, mais il ne s’agit pas de causalités. Ils expliquent que la résistance au stress thermique de l’espèce Acropora tenuis subit des modifications en raison de mécanismes génétiques. Or, ces mécanismes débouchent par coïncidence à la diversification des formes de couleur de ce corail.