De nouvelles notes chantées par un bruant aux États-Unis il y a quelques années sont rapidement devenues « virales », se propageant à travers le Canada en un rien de temps.
Les oiseaux changent rarement de rĂ©pertoire musical. De petits ajustements peuvent parfois Ăªtre opĂ©rĂ©s, nĂ©anmoins, ces variantes ne se limitent gĂ©nĂ©ralement qu’Ă l’environnement local. Mais il peut y avoir quelques exceptions. En tĂ©moigne une rĂ©cente Ă©tude publiĂ©e dans Current Biology.
Selon l’article, un nouveau morceau, chantĂ© il y a quelques annĂ©es par un groupe de bruants Ă gorge blanche (Zonotrichia albicolis) aux États-Unis, semble en effet depuis se propager Ă travers le Canada Ă un rythme sans prĂ©cĂ©dent. Au point que la mĂ©lodie prĂ©cĂ©dente, composĂ©e dans les annĂ©es 1960, sera bientĂ´t complètement dĂ©passĂ©e.
Un chant devenu viral
Les oiseaux chantent pour marquer leur territoire et attirer des partenaires potentiels. Traditionnellement, les bruants Ă gorge blanche de l’ouest et du centre du Canada chantent une mĂ©lodie se terminant par trois notes bien distinctes. Le nouveau chant, lui, prĂ©sente une fin distincte Ă deux notes.
Selon les chercheurs de l’UniversitĂ© du Nord de la Colombie-Britannique (Canada), Ă l’origine de l’Ă©tude, il aurait dans un premier temps Ă©tĂ© composĂ© par un seul oiseau dans les annĂ©es 2000 – probablement dans la rĂ©gion des montagnes Rocheuses, au nord-ouest des États-Unis – avant d’Ăªtre appris par ses congĂ©nères Ă©voluant dans le cercle proche.
Puis, peu Ă peu, ces nouvelles « règles musicales » se sont propagĂ©es Ă travers le Canada, de la Colombie-Britannique jusqu’au centre de l’Ontario, deux rĂ©gions distantes de plus de 3 000 km.
Pour en arriver Ă ces conclusions, l’Ă©quipe dirigĂ©e par Ken Otter explique avoir Ă©tĂ© grandement aidĂ©e par des passionnĂ©s d’ornithologie qui, pendant plusieurs annĂ©es, ont enregistrĂ© le chant de ces oiseaux pour ensuite les tĂ©lĂ©charger dans une base de donnĂ©es en ligne appelĂ©e eBird.
GrĂ¢ce Ă ces donnĂ©es, les chercheurs ont ainsi pu suivre la propagation de ce nouveau couplet dans le temps et l’espace.
« Les scientifiques citoyens ont jouĂ© un rĂ´le clĂ©, car les chansons qu’ils ont enregistrĂ©es et mises Ă disposition ont Ă©largi la portĂ©e spatiale de l’Ă©tude, souligne le chercheur. Autrement, nous n’aurions jamais pu couvrir ce genre de distances ».
Un partage des notes dans les aires d’hivernage ?
La raison pour laquelle ce chant est devenu si viral interroge encore les chercheurs. Ils évoquent néanmoins une hypothèse.
Selon eux, les aires d’hivernage des bruants pourraient Ăªtre un facteur clĂ©. Ici, les mĂ¢les juvĂ©niles se mĂªlent Ă d’autres bruants venus de plusieurs horizons. Il est donc possible que ces points de rencontre puissent avoir favorisĂ© la propagation de ce nouveau chant.
Notons que ce chant paraĂ®t « nouveau » Ă nos oreilles, mais il ne l’est pas pour les bruants qui le sifflent depuis plus d’une dizaine d’annĂ©es dĂ©jĂ . D’ailleurs, une variante Ă cette mĂ©lodie aurait mĂªme Ă©tĂ© entendue il y a quelque temps par les chercheurs Ă Prince George, en Colombie-Britannique. Les prĂ©mices d’un prochain tube ?
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