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Au Bangladesh, les membres de cette famille sont dépourvus d’empreintes digitales

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Crédits : PublicDomainPictures/pixabay

Au Bangladesh, une dizaine de membres d’une même famille ont une caractéristique identique. En effet, ils n’ont pas d’empreintes digitales aux doigts des mains et des pieds. L’étonnant signe distinctif de cette famille donne l’occasion d’expliquer une maladie congénitale très rare : l’adermatoglyphie.

Pas d’empreintes sur la carte d’identité

Apu Sarker est un jeune homme de 22 ans vivant avec sa famille dans un village du district de Râjshâhî, dans le nord-ouest du Bangladesh. Au quotidien, il rencontre certains problèmes. Effectivement, difficile pour lui d’obtenir un permis de conduire, un passeport et même une simple carte SIM pour son téléphone ! Apu Sarker dispose en revanche d’une carte d’identité sur laquelle doivent obligatoirement figurer ses empreintes digitales. Or, à l’emplacement réservé à ces dernières, il est écrit « pas d’empreintes » comme le décrit le quotidien indien Northeat Now le 26 décembre 2020.

En réalité, Apu Sarker est atteint par une maladie congénitale très rare : l’adermatoglyphie. Or, celle-ci se manifeste justement par une absence de dermatoglyphes (l’autre nom des empreintes digitales et palmaires) aux mains, mais également aux pieds. De plus, neuf autres membres de sa famille sont dans le même cas que lui.

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Crédits : Bouteflikov sur Twitter

Une altération d’un gène en particulier

« L’adermatoglyphie congénitale isolée est un trouble génétique rare du développement survenant au cours de l’embryogenèse. Elle se caractérise par l’absence de crêtes épidermiques au niveau des paumes et des plantes des pieds, ce qui conduit à l’absence d’empreintes digitales, sans autre manifestation. Elle est associée à une restriction du nombre d’ouvertures des glandes sudoripares et à une hypohydrose au niveau des paumes et des plantes des pieds« , selon Orphanet, le portail des maladies rares et des médicaments orphelins.

Habituellement, les empreintes digitales apparaissent entre les 16e et 25e semaines de grossesse. Durant cette période, la peau est malléable, si bien que les empreintes dépendent à la fois de facteurs génétiques et de l’environnement intra-utérin. Cependant, les personnes atteintes d’adermatoglyphie ont subi une altération du gène SMARCAD1, empêchant le codage de la protéine responsable du développement des empreintes sur la peau. Néanmoins, ce gène étant dominant, un seul chromosome porteur suffit à activer la maladie. Ceci explique donc pourquoi plusieurs membres d’une même famille peuvent la contracter.

Dans une étude publiée dans le Journal of the American Academy of Dermatology en 2011, des chercheurs avaient identifié seulement quatre familles touchées à travers le monde. Il faut savoir que la découverte de l’adermatoglyphie date de 2007 lorsqu’une ressortissante suisse a rencontré des problèmes avec les autorités frontalières des États-Unis. Les douaniers avaient en effet découvert une absence d’empreintes digitales chez cette personne, si bien que des chercheurs ont ensuite pratiqué des analyses ADN pour toute la famille. Après cette affaire, le monde scientifique a commencé à donner à cette maladie un surnom : « maladie de l’immigration ».

Yohan Demeure, expert géographe

Rédigé par Yohan Demeure, expert géographe

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.