Atlantique Nord : un air moins pollué engendrerait plus de cyclones tropicaux

cyclone tropical
Crédits : Pixabay.

Une étude soutient que la diminution de la pollution particulaire en Europe et aux États-Unis a engendré une augmentation du nombre de cyclones tropicaux dans le bassin nord-atlantique ces vingt dernières années. Les résultats ont été publiés dans la revue Science Advances ce 10 mai.

Le nombre de phĂ©nomènes cycloniques initiĂ©s dans l’Atlantique nord est passĂ© par un creux remarquable dans les annĂ©es 1960 Ă  1980, avant de connaĂ®tre une vĂ©ritable envolĂ©e au cours des annĂ©es 1990 et 2000. Or, selon le spĂ©cialiste des ouragans Hiroyuki Murakami, cette Ă©volution serait en partie due Ă  une moindre pollution de l’air sur les continents adjacents.

Un voile se lève sur l’Atlantique Nord

Les émissions de particules fines, notamment celles de composés soufrés, en Europe et en Amérique du Nord ont fortement décliné suite à la signature du Clean Air Act. L’effet refroidissant de ces particules qui réfléchissent facilement le rayonnement solaire incident s’est donc estompé et les températures de surface se sont rapidement équilibrées avec les concentrations en gaz à effet de serre.

Dans le mĂŞme temps, l’embellie a dĂ©portĂ© le courant-jet vers le pĂ´le, ce qui a diminuĂ© l’influence perturbatrice de ses vents sur les cyclones tropicaux. Aussi, le nombre de systèmes formĂ©s dans ce bassin est passĂ© d’un minima Ă  un maxima très caractĂ©risĂ©s. C’est du moins ce que soutiennent les simulations effectuĂ©es par le chercheur affiliĂ© Ă  la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration).

cyclones tropicaux
Variations observées du nombre de cyclones tropicaux entre les périodes 1980-2000 et 2001-2020. En couleurs froides, une diminution et en couleurs chaudes, une augmentation. Les trois zones étudiées sont indiquées par des encarts noirs. Crédits : Hiroyuki Murakami, 2022.

Quantification du lien entre pollution atmosphérique et activité des cyclones tropicaux

Plus prĂ©cisĂ©ment, la diminution d’environ 50 % de la pollution aux particules fines depuis 1980 a contribuĂ© pour plus de 30 % au regain d’activitĂ© cyclonique dans l’ocĂ©an nord-atlantique. Les oscillations naturelles qui amènent des dĂ©cennies plus fastes que d’autres ont Ă©galement participĂ© Ă  l’Ă©volution constatĂ©e. Cependant, le chercheur ne s’est pas limitĂ© Ă  l’étude de cet ocĂ©an, mais a aussi Ă©tendu son raisonnement Ă  d’autres bassins cycloniques.

Ainsi, il montre que contrairement Ă  l’Atlantique Nord, la hausse de la pollution associĂ©e Ă  l’essor industriel de l’Asie du Sud a rĂ©duit le nombre de tempĂŞtes formĂ©es de 14 % dans le Pacifique Nord-ouest au cours des deux dernières dĂ©cennies. Enfin, il soutient Ă©galement que les changements Ă©voquĂ©s dans le nord de l’Atlantique ont indirectement contribuĂ© Ă  diminuer le nombre de phĂ©nomènes dans l’hĂ©misphère sud.

Comme l’amĂ©lioration de la qualitĂ© de l’air tend Ă  augmenter le nombre de systèmes cycloniques formĂ©s Ă  proximitĂ© de zones très peuplĂ©es, cela signifie-t-il pour autant qu’il faille se montrer rĂ©ticent Ă  l’idĂ©e de rendre notre environnement atmosphĂ©rique plus pur ? Il serait bien hasardeux d’avancer un tel raisonnement.

« MĂŞme si davantage d’ouragans dans l’Atlantique peuvent ĂŞtre un problème, les dĂ©cès dus Ă  des cyclones supplĂ©mentaires ne se comparent pas aux sept millions de personnes par an qui meurent dans le monde de la pollution de l’air », insiste Kristie Ebi, spĂ©cialiste des liens climat et santĂ©. « La pollution de l’air est un tueur majeur, il est donc essentiel de rĂ©duire les Ă©missions, quel que soit le nombre de cyclones ».