Atlantique : des chercheurs remontent la carotte sédimentaire la plus profonde jamais forée

Crédits : Paul Walczak / Oregon State University.

Onze mètres et demi. C’est la longueur de la carotte sédimentaire récemment prélevée dans la fosse océanique de Porto Rico, à une profondeur avoisinant les 8500 mètres. Il s’agit de l’échantillon le plus profond jamais prélevé dans l’océan Atlantique et probablement même à l’échelle du monde entier.

Les scientifiques ont effectué ce forage en février et mars 2022 à bord du navire de recherche RV Neil Armstrong exploité par l’Institut océanographique de Woods Hole (États-Unis). Le but de ce projet ? En apprendre plus sur la façon dont les micro-organismes ont évolué et se sont adaptés à une gamme de profondeurs et de conditions environnementales aussi variée depuis la surface jusqu’à plusieurs mètres sous le plancher océanique, en passant par les abysses les plus reculées.

De multiples forages avec des implications pour les sciences du climat

Notons que l’équipe n’a pas réalisé qu’un seul forage. Plusieurs carottes ont été prélevées à des horizons allant de cinquante mètres sous la surface de la mer pour la plus simple d’accès à plus de 8380 mètres pour la plus profonde. Sans grande surprise, cette dernière est aussi celle qui attise le plus la curiosité. « Nous avons prélevé ces carottes pour savoir comment les microbes qui vivent sous le fond marin réagissent à la pression », rapporte Steven D’Hond, l’un des responsables du projet.

carotte sédimentaire
À bord du RV Neil Armstrong, l’imposant carottier est prêt à être déployé dans la fosse de Porto Rico. Crédits : Paul Walczak / Université d’État de l’Oregon.

« Notre objectif ultime est d’améliorer notre compréhension de la façon dont les organismes des environnements extrêmes interagissent avec le monde qui les entoure », poursuit le chercheur. « Le succès de notre équipe dans l’extraction de cette carotte dans la partie la plus profonde de l’océan Atlantique nous permettra de faire une avancée considérable dans notre compréhension sur cette partie méconnue de la vie sur Terre ».

Les échantillons récoltés devraient par ailleurs aider à en apprendre plus sur les variations climatiques des dernières centaines de milliers d’années, voire des derniers millions d’années. En effet, l’étude des sédiments marins est l’une des machines à remonter le temps utilisées par les paléoclimatologues pour reconstituer l’histoire des conditions environnementales qui régnaient dans le passé lointain de la Terre.

« Cet accomplissement n’a été possible que grâce au travail d’équipe phénoménal de toutes les personnes impliquées, y compris celles qui ont aidé à développer le long carottier il y a près de vingt ans », salue Rick Murray, directeur adjoint de l’Institut océanographique de Woods Hole.