Cette astuce très sournoise que les cancers utilisent pour échapper au système immunitaire

cellule cancer
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Des chercheurs ont récemment découvert que les cellules de certains cancers échappaient à la destruction par le système immunitaire en se cachant à l’intérieur d’autres cellules cancéreuses. La découverte, publiée dans la revue eLife, pourrait expliquer pourquoi certains cancers peuvent être plus résistants que d’autres.

Nous savons que de nombreux cancers peuvent soudainement réapparaître et provoquer une rechute au bout de quelques années. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les médecins préfèrent parler de « rémission » plutôt que de « guérison ». Aussi, depuis des années, les chercheurs essaient de comprendre les différents moyens utilisés par certains cancers pour ne pas être détectés par la système immunitaire et donc échapper à la destruction.

Des travaux antérieurs ont déjà révélé quelque-unes de ces techniques, comme la dissimulation dans les tissus adipeux ou la capacité d’entrer en état de dormance pendant la chimiothérapie. Une récente étude passionnante nous révèle une autre de ces astuces, tout aussi sournoise.

« C’était comme voir le diable »

Le Dr. Yaron Carmi et son doctorant, de l’Université de Tel Aviv, ont fait cette découverte alors qu’ils cherchaient à savoir quelles cellules T du système immunitaire pourraient être les plus puissantes pour tuer les cancers. Pour ces travaux, ils se sont concentrés sur les mélanomes et les cancers du sein. Très vite, il se sont aperçus que ces cellules, normalement bâties pour détruire ces tumeurs, semblaient inefficaces chez la souris.

En scrutant ces interactions en temps réel au microscope, les chercheurs ont alors observé un phénomène insoupçonné auparavant. En réalité, les cellules cancéreuses qui semblaient échapper à l’attaque des cellules T renfermaient d’autres cellules cancéreuses. Les premières cellules pouvaient être détruites par le système immunitaire, mais pas les secondes nichées en-dessous.

« C’était comme voir le diable« , a déclaré le Dr Carmi. Ces cellules pourraient ainsi rester cachées « pendant des semaines ou des mois » avant de ressortir de leur cachette une fois les cellules T disparues.

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Une projection 3D de cellules tumorales organisées en « poupées russes ». Une première cellule est imbriquée dans une seconde (en vert) pour se protéger d’une attaque de cellule T (en bleu). Crédits : Yaron Carmi/Amit Gutwilling

Les chercheurs ont alors examiné des cellules humaines provenant de cancers du sein, de cancers du côlon et de mélanomes et ils ont constaté le même phénomène. Cependant, les cancers du sang et les glioblastomes (cancers du cerveau) ne semblent pas concernés.

La prochaine étape sera donc de confirmer les résultats de manière indépendante, puis de trouver un moyen de déjouer ce tour de passe-passe. Les chercheurs ont déjà essayé sans succès. En bloquant les gènes impliqués dans ce mécanisme de défense, ils ont en effet malheureusement également bloqué la capacité des lymphocytes T à attaquer les tumeurs.