Astronomie : la recherche émet autant de CO2 que la Croatie

telescope Pan-STARRS
Crédits : skeeze / Pixabay

Une étude française récente souligne les importantes pollutions émanant de la recherche en astronomie. Ces travaux font leur apparition à une période où tous les secteurs d’activité doivent réduire leurs émissions de CO2 le plus possible.

L’astronomie émet beaucoup de CO2

Aujourd’hui, la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre est une priorité mondiale. En novembre 2021, le Global Carbon Project confirmait d’ailleurs le retour des émissions mondiales de CO2 au niveau qui était le leur avant la crise sanitaire en lien avec la Covid-19. Pour Jürgen Knödlseder, directeur de recherche au CNRS, chaque réduction de ces émissions est donc une bonne chose.

Avec son équipe de l’Institut de Recherche en Astrophysique et Planétologie (INRAP) de l’Université de Toulouse, il a évalué les émissions provenant de son propre domaine de recherche. Les détails de l’étude figurent dans une publication dans la revue Nature Astronomy du 21 mars 2022. Selon les résultats, l’astronomie émet une importante quantité de CO2. Or, si la marge d’erreur est importante, il semble que cette tendance soit à la hausse.

Une méthode faisant l’objet de critiques

Tout d’abord, les chercheurs ont tenté d’évaluer les émissions de l’IRAP, mais ils ont rapidement identifié un problème. En effet, pour mesurer de manière précise ces émissions, ils devaient également prendre en compte celles émanant des appareils se trouvant aux quatre coins du monde, mais aussi les données provenant de divers observatoires et autres missions. Ainsi, les scientifiques ont finalement élargi leur analyse en sélectionnant pas moins de quarante observatoires et télescopes dans le monde et une cinquantaine de missions spatiales majeures.

En revanche, l’intégration de ces télescopes, observatoires et missions a été compliquée par un manque criant de transparence quant à leurs émissions de CO2. Ainsi, les chercheurs ont eu recours à la méthode dite du ratio monétaire, critiquée en raison du niveau important d’incertitudes qu’elle comporte. Reste que cette méthode était la seule disponible afin d’établir un lien direct entre les émissions de carbone et le coût d’un projet.

hubble
Crédits : NASA / Smithsonian Institution/ Lockheed Corporation

Que disent les chiffres ?

Selon l’étude, l’ensemble des missions et observatoires ont généré 20,3 millions de tonnes de CO2 depuis leurs débuts. Cela revient donc à environ 1,2 tonne par an, soit autant qu’un petit pays tel que la Croatie. Par ailleurs, chaque astronome serait à l’origine de l’émission de 36 tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent des émissions provenant d’une automobile qui roulerait 150 000 km. À titre de comparaison, chaque Français émet environ dix tonnes de CO2 chaque année en moyenne.

Pour les chercheurs, la volonté de réduire les émissions de CO2 du secteur de l’astronomie trouve ses limites. En effet, les projets sont toujours plus imposants, et donc plus polluants. Or, les missions spatiales ont tendance à se multiplier et actuellement, plusieurs télescopes sont en construction, dont l’Extremely Large Telescope de l’agence d’observation spatiale européenne (ESO).