Les astronautes de Starliner vont rentrer avec SpaceX

Starliner
La capsule Starliner photographiée à travers un hublot de la Station spatiale internationale. Crédit photo : ESA

La NASA vient d’annoncer une décision cruciale concernant le sort des astronautes Suni Williams et Butch Wilmore, actuellement à bord de la Station Spatiale internationale (ISS). Initialement prévue pour durer huit jours, leur mission à bord de la capsule Starliner de Boeing s’est transformée en une aventure imprévue de plusieurs mois en raison de problèmes techniques persistants avec la capsule. En réponse, l’agence américaine a en effet décidé de prolonger leur séjour jusqu’en février 2025 et de les ramener sur Terre à bord d’une capsule Dragon de SpaceX. Ce choix soulève des questions sur la sécurité, les défis techniques et l’avenir des missions habitées de Boeing.

La sécurité avant tout

Cette mission, la première à bord de la capsule habitée Starliner de Boeing, était censée être une étape historique pour l’exploration spatiale. Cependant, ce qui devait être un court séjour de huit jours s’est transformé en une mission prolongée jusqu’en février 2025. Cette décision a été motivée par une priorité absolue : la sécurité des astronautes.

Les problèmes techniques rencontrés par Starliner, notamment des défaillances sur cinq des 28 propulseurs lors de l’amarrage à l’ISS, ont en effet suscité de graves préoccupations. Ces propulseurs sont essentiels pour des étapes critiques telles que le désamarrage et la rentrée dans l’atmosphère terrestre. Or, la NASA a constaté que leur performance était imprévisible. Les risques liés à leur utilisation étaient donc trop élevés pour un retour en toute sécurité.

Ce souci de sécurité est renforcé par les leçons tirées des catastrophes des navettes Challenger en 1986 et Columbia en 2003. Ces incidents ont montré les dangers de ne pas prendre en compte les avertissements techniques, jugés à l’époque sans importance. Bill Nelson, l’administrateur de la NASA, a insisté sur l’importance de ne pas répéter ces erreurs, d’où la décision de ne pas faire revenir les astronautes à bord de Starliner. En conséquence, la NASA et Boeing ont opté pour un retour de la capsule sans équipage, prévu pour septembre. Pour Boeing, ce contretemps est un revers significatif après des années d’efforts pour établir la fiabilité de son vaisseau spatial.

La décision de la NASA de rapatrier Williams et Wilmore à bord d’une capsule Dragon met également en lumière la place dominante de SpaceX dans les missions spatiales habitées. Depuis 2014, la société a en effet réalisé pas moins de neuf vols habités vers l’ISS, prouvant à maintes reprises la fiabilité de son vaisseau. En comparaison, Boeing n’a pas encore effectué un seul vol habité qualifié de véritablement réussi depuis l’attribution de son contrat en 2014.

Starliner Boeing
Butch Wilmore et Suni Williams le 5 juin à Cap Canaveral. Crédits : Joe Raedle

Une confiance toujours engagée

Bien que cette situation soit décevante pour Boeing, l’agence américaine reste engagée à soutenir l’entreprise, convaincue que la concurrence entre les fournisseurs de vaisseaux spatiaux, comme Boeing et SpaceX, est essentielle pour stimuler l’innovation technologique et réduire les coûts. Les chercheurs se concentrent ainsi actuellement sur plusieurs aspects cruciaux pour assurer la sécurité et la fiabilité du vaisseau.

Tout d’abord, les ingénieurs des deux parties travaillent intensément à diagnostiquer et à corriger les défaillances des propulseurs de Starliner. Des tests sont également menés pour mieux comprendre la physique des fluides et les propriétés des matériaux en jeu. Ces analyses incluent des simulations thermiques pour évaluer la manière dont les propulseurs réagissent à la chaleur extrême générée pendant ces phases critiques du vol.

Parallèlement, les équipes se concentrent aussi sur l’amélioration des systèmes de contrôle de vol de Starliner. L’objectif est d’affiner les algorithmes qui gèrent la propulsion et les manœuvres orbitales afin de garantir que les propulseurs fonctionnent de manière optimale dans toutes les conditions possibles. Ce travail vise également à renforcer la résilience des systèmes en cas de panne partielle pour que le vaisseau puisse toujours compléter ses missions en toute sécurité.

En outre, Boeing et la NASA examinent de près les procédures de maintenance et de préparation prévol du Starliner. Les processus de vérification avant le lancement sont en cours de révision pour s’assurer que tous les composants critiques du vaisseau sont minutieusement inspectés et testés.