Selon des scientifiques, la Terre primitive aurait pu englober un astre riche en soufre semblable à Mercure, expliquant ainsi les différences du rapport samarium/néodyme dans le manteau et la croûte terrestre ainsi que la longévité du champ magnétique.
La Terre et la Lune sont vraisemblablement les résultats d’une collision avec un ancien corps nommé Theia. Mais cet événement de grande ampleur ne fut peut-être pas le seul subi par notre Planète à cette époque. Intriguée par la longévité du champ magnétique et l’importante différence du taux de samarium par rapport au néodyme dans la croûte et le manteau terrestre, une équipe de chercheurs avance dans une étude la possibilité qu’un astre ressemblant à Mercure soit entré en collision avec la Terre primitive.
Pour avancer cette hypothèse, Anke Wohlers (université d’Oxford) et son équipe ont soumis en laboratoire des échantillons de roches présentes à l’origine de la Terre primitive aux conditions qui régnaient au cours de la genèse de notre Planète (une température variant entre 1.400 et 1.640 °C et une pression de 1,5 gigapascal). Le samarium, le néodyme et l’uranium présents en petite quantité sont attirés par les roches silicatées du manteau et de la croûte terrestre, mais ils n’ont en revanche pas de rapport avec le sulfure ferrique qui représente une part importante du noyau externe de notre Planète.
Pourtant, les chercheurs ont constaté que si un corps composé de chondrites à enstatite, riche en soufre — tout comme Mercure — fut très tôt assimilé par la Terre, cela aurait favorisé la dissolution du samarium et du néodyme dans le sulfure de fer et donc leur migration vers le noyau. Enfin, puisque le samarium se laisse plus attirer par les silicates que le néodyme, on peut mieux expliquer pourquoi il s’est moins enfoncé dans les profondeurs et reste plus abondant dans les couches supérieures.
Par ailleurs, la longévité du champ magnétique terrestre, généré par l’effet dynamo du noyau liquide qui enrobe la graine métallique, pourrait être aisément expliquée dans le cas où un astre riche en soufre se serait mêlé à la Terre primitive, car il est très probable que l’uranium de la croûte terrestre se soit alors mieux dissous dans le sulfure de fer pour couler jusqu’au centre de la Terre, de sorte que l’énergie dégagée par cet élément radioactif maintiendrait durablement le noyau terrestre en fusion, contribuant ainsi à transformer la Terre en une oasis bleutée. Une hypothèse qui fait coup double… Comme quoi, le hasard fait parfois bien les choses.
Source : Futura-Science
– Illustration artistique : © Fahad Sulehria