Cet astéroïde contient des éléments constitutifs de la vie

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L’astéroïde Riygu photographié à 6 kilomètres de distance par la sonde Hayabusa2. Crédits : JAXA, Université de Tokyo, Université de Kochi, Université Rikkyo, Université de Nagoya, Institut de technologie de Chiba, Université de Meiji, Université d’Aizu, AIST

Selon de récentes analyses, les échantillons de l’astéroïde Ryugu sont les morceaux les plus vierges jamais étudiés de notre Système solaire. Ils contiennent également plusieurs types d’acides aminés qui sont des éléments constitutifs de la vie.

De la matière primordiale

Ryugu est un astéroïde de type C évoluant à environ 350 millions de kilomètres de la Terre. Comme les autres roches de son genre, il contient probablement encore de la matière issue de la nébuleuse ayant donné naissance au Soleil et à ses planètes il y a plus de 4,6 milliards d’années. Pour en avoir le cœur net, l’agence spatiale japonaise (JAXA) a développé une mission visant à récolter des échantillons sur place. Revenus sur Terre en décembre 2020, ces derniers ont récemment fait l’objet d’analyses.

Pour ces travaux, présentés lors de la Lunar and Planetary Science Conference 2022 au Texas, une équipe dirigée par Hroshi Naraoka, de l’Université de Kyushu au Japon, a examiné ces échantillons sous toutes les coutures. Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé un microscope optique et divers instruments capables de mesurer la façon dont les roches absorbent, émettent et réfléchissent différentes longueurs d’onde de lumière dans les spectres visible et infrarouge.

L’âge exact de ces matériaux extraterrestres reste encore à préciser. Toutefois, les chercheurs confirment qu’ils font partie des échantillons les plus primordiaux jamais étudiés en laboratoire.

Toujours d’après ces résultats, ces restes de Ryugu seraient un peu différents des autres objets de son genre étudiés jusqu’à présent. Ils contiendraient en effet plus de carbone, d’hydrogène et d’azote que d’autres astéroïdes chondrites carbonés connus. Ces différences de niveaux sont dues au fait que les fragments de Ruygu n’ont pas été modifiés par les interactions avec l’environnement terrestre.

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Quelques-uns des échantillons de Ryugu récupérés par la sonde Hayabusa2. Crédits : Yada, et coll. Nature Astronomy.

Plusieurs éléments constitutifs de la vie

L’analyse a également révélé plus de dix types d’acides aminés. Parmi eux figurent la glycine et la L-alanine. Il s’agit des éléments constitutifs des protéines que les organismes vivants produisent en fonction de leur code ADN.

« Nous avons détecté divers composés organiques prébiotiques dans les échantillons, notamment des acides aminés protéinogènes, des hydrocarbures aromatiques polycycliques similaires au pétrole terrestre et divers composés azotés« , précise Hiroshi Naraoka. « Ces molécules organiques prébiotiques peuvent se propager dans tout le Système solaire, potentiellement sous forme de poussière interplanétaire depuis la surface de Ruygu« .

La découverte de ces acides aminés n’est pas réellement une surprise en soi. Les scientifiques savent en effet que les astéroïdes chondrites CI contiennent ce type d’éléments, notamment de la glycine et de l’alanine, depuis une vingtaine d’années déjà. Ces analyses confirment toutefois que des objets comme Ryugu ont probablement participé au développement de la vie sur Terre en y déposant plusieurs « ingrédients » clés.

Enfin, l’analyse a révélé que Ryugu tel que nous le voyons aujourd’hui est né d’une collision ayant brisé son astéroïde parent. Étant donné que les cristaux trouvés dans les échantillons contiennent beaucoup d’eau, cet astéroïde parent doit s’être formé en dehors des lignes de neige, à une distance suffisamment éloignée du Soleil pour que les composés volatils (tels que l’eau et le dioxyde de carbone) se condensent en grains de glace solides.