L’observatoire d’Arecibo n’est peut-être plus fonctionnel, mais il contribue encore à notre connaissance du cosmos. En analysant les données du radiotélescope, des chercheurs ont ainsi découvert quelque chose d’inhabituel à propos du célèbre astéroïde Phaethon.
Au coeur de l’île de Porto Rico se trouvait il y a encore deux ans l’observatoire d’Arecibo. En 2017, après avoir été durement touché suite au passage de l’ouragan Maria, le radiotélescope avait repris du service en prenant des images de l’astéroïde 3200 Phaéton, découvert le 11 octobre 1983. L’objet se trouvait à environ 1,8 million de kilomètres de notre planète, soit à peu près 4,6 fois la distance Terre-Lune. Ces données radar nous avaient révélé un objet de forme sphéroïdale d’environ 5,4 kilomètres de diamètre.
L’astéroïde est par ailleurs le deuxième plus grand corps céleste jugé « potentiellement dangereux » pour notre planète. Rassurez-vous, il ne représente toutefois aucune menace immédiate pour notre planète. Par ailleurs, rappelons que Phaethon est le seul astre-parent astéroïde à être associé à une pluie d’étoiles filantes. Grâce à lui, les amoureux du ciel nocturne peuvent en effet apprécier les Géminides chaque année à la mi-décembre.
Enfin, nous savons que l’agence japonaise d’exploration aérospatiale (JAXA) prévoit de survoler l’objet en 2028 dans le cadre de sa mission DESTINY+. Dans cette perspective, l’astéroïde fait donc l’objet d’études approfondies.
Une accélération de rotation constante
L’année passée, des chercheurs ont fait une découverte particulièrement intéressante à propos de Phaethon : sa rotation s’accélère. La période de rotation de l’objet diminue en effet de quatre millisecondes par an. Les chercheurs ont fait cette découverte en analysant les données recueillies de 1989 à 2021 par l’observatoire d’Arecibo. Après avoir créé un modèle visant à déterminer la forme de Phaethon en préparation de la mission DESTINY+, ils ont établi que les prédictions de ce modèle de forme ne correspondaient pas aux données.
« Les moments où le modèle était le plus brillant étaient clairement désynchronisés avec les moments où Phaethon était réellement observé comme étant le plus brillant« , détaille Sean Marshall, scientifique planétaire à l’observatoire d’Arecibo. « J’ai réalisé que cela pouvait s’expliquer par le fait que la période de rotation de Phaethon changeait légèrement à un moment donné avant les observations de 2021« .
L’équipe a déterminé que le modèle qui correspondait le mieux aux données incluait une accélération de rotation constante, impliquant ainsi diminution régulière de la période de rotation.
Cette connaissance est une bonne chose pour la mission japonaise qui pourra prédire l’orientation de l’astéroïde pendant le survol du vaisseau spatial avec plus précision. Dès lors, les observations n’en seront que meilleures. La découverte est également intéressante dans la mesure où il est assez rare que la rotation d’un astéroïde change. En effet, seule une dizaine d’objets sont connus pour montrer un changement dans leur période de rotation, et Phaethon est le plus grand d’entre eux.