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L’astéroïde frappé par la NASA se comporte de manière inattendue

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Illustration du vaisseau DART en train de foncer sur sa cible. Crédits : NASA/Johns Hopkins APL

L’astéroïde Dimorphos, frappé de plein fouet par le vaisseau DART de la NASA il y a quelques mois, ne se comporte pas comme prévu d’après de nouvelles données. Comment expliquer un tel comportement ?

Crash cosmique

L’astéroïde Didymos (800 mètres de diamètre) et son petit compagnon Dimorphos (177 mètres) forment un système binaire compact, dont les caractéristiques de base sont bien établies grâce à des observations radar et à des séries d’occultations mutuelles. Ces deux objets évoluaient à seulement 1,2 km l’un de l’autre avec une période orbitale d’environ 11,9 heures. Les mesures de densité suggéraient également que le plus petit s’était formé à partir de débris libérés par le plus grand à la suite d’une instabilité de rotation passée.

Dimorphos fut l’objet d’un impact provoqué par la sonde spatiale DART de la NASA le 26 septembre 2022. Cette collision a déclenché un événement explosif, entraînant l’éjection de débris et créant une longue queue ressemblant à celle d’une comète. Cet impact revêtait une grande importance scientifique. Les chercheurs voulaient en effet étudier la réponse mécanique d’un astéroïde à une collision énergétique. Plus généralement, l’objectif de cette mission était de renforcer notre préparation en cas d’impact d’un objet similaire sur la Terre.

DART astéroïde Dimorphos
Vue de Dimorphos par DART moins de deux minutes avant l’impact le 26 septembre 2022. Crédits : NASA/JHUAPL

Un ralentissement inattendu

La mission fut un succès. Plusieurs semaines après l’impact du DART, la NASA avait en effet annoncé que Dimorphos avait ralenti d’environ 33 minutes son orbite autour de Didymos, ce qui concordait avec les prévisions. À l’automne dernier, Jonathan Swift, professeur de lycée californien, et ses élèves ont néanmoins détecté plusieurs changements inattendus en observant Dimorphos avec le télescope de 0,7 m de leur école. Concrètement, un mois après l’impact, l’astéroïde semblait avoir ralenti d’une minute supplémentaire, ce qui suggérait que l’objet ralentissait continuellement depuis la collision. Le professeur a présenté les conclusions de son groupe d’élèves lors de la conférence de l’American Astronomical Society, tenue en juin dernier.

L’équipe DART a depuis confirmé que Dimorphos avait effectivement continué à ralentir sur son orbite jusqu’à un mois après l’impact. Cependant, leurs calculs n’ont révélé qu’un ralentissement supplémentaire de quinze secondes, et non d’une minute complète. Un mois après la collision, le ralentissement s’est finalement stabilisé.

Alors, comment expliquer ce comportement ? Selon la NASA, un essaim de roches spatiales pourrait en être la cause. Des observations récentes de l’astéroïde ont en effet révélé une quarantaine de rochers probablement détachés de la surface de Dimorphos lors de l’impact éparpillés tout autour. Il est donc possible que certains des plus gros rochers soient retombés sur Dimorphos au cours du premier mois, ralentissant ainsi son orbite plus que prévu.

L’équipe DART prévoit de publier son propre rapport sur le sujet dans les semaines à venir. Cependant, nous n’en saurons peut-être davantage en 2026, lorsque le vaisseau spatial Hera, de l’Agence spatiale européenne, arrivera sur place pour enquêter de près sur le site de l’impact. Construit et préparé initialement en deux moitiés, le vaisseau a d’ailleurs été récemment assemblé.