Assassin’s Creed pour remplacer un livre d’Histoire ?

Crédits : SobControllers / Flickr

Pascal Mériaux, formateur et professeur d’histoire-géographie a décidé de tester la fonction pédagogique des jeux vidéo à travers la série de jeux d’Ubisoft : Assassin’s Creed.

C’est lors du salon Educatec-Educatice, qui avait lieu à Paris du 9 au 11 mars, sur le stand même du ministère de l’Éducation nationale pour le lancement du portail « Apprendre avec le jeu numérique », que Pascal Mériaux est revenu sur son utilisation positive de la saga Assassin’s Creed comme ressource pédagogique lors de ses cours d’Histoire.

Qu’est-ce qu’Assassin’s Creed ?

En effet, les jeux vidéo sont de plus en plus nombreux à offrir aux joueurs une reconstitution historique ludique. Les jeux immersifs peuvent ainsi être une façon d’illustrer certains faits historiques et d’enseigner aux joueurs et donc ici aux élèves que des décisions, aussi mineures soient-elles, ont influencé l’Histoire. Ce qui est le cas d’Assassin’s Creed, qui depuis 8 ans déjà, n’a cessé de tirer sa petite histoire sur la grande Histoire.

Assassin’s Creed, développé par Ubisoft Montréal, est une série de jeux vidéo d’action-aventure basée sur des périodes historiques fortes. On y incarne des assassins qui doivent remplir des missions variées (infiltrations, assassinats, etc.) à travers différentes époques dans un monde totalement ouvert.

Avec presque un épisode par an depuis 2007, Assassin’s Creed a déjà revisité plus de cinq-cents ans d’Histoire, du Moyen-Orient du temps des Croisades aux mers des Caraïbes et révolution américaine en passant par le Londres de l’époque victorienne. Un des derniers opus Assassin’s Creed Unity, a planté son décor à Paris, en pleine révolution française de 1789, une période justement au programme national d’Histoire des classes de seconde au Lycée.

La méthode de Pascal Mériaux

L’enseignant ne cherche pas à faire jouer ses élèves car il ne faut pas non plus apparenter la licence Assassin’s creed à une série de jeux ludo-éducatifs. De plus faire jouer les lycéens est de toute manière impossible d’un point de vue logistique (achat des licences, équipement d’ordinateurs ou consoles) et le jeu est interdit au moins de 18 ans, un âge que la plupart des lycéens n’ont pas encore atteint.

Pascal Mériaux utilise plutôt le jeu chez lui, en tournant des vidéos du personnage pendant qu’il parcourt les lieux symboliques de Paris au XVIIIème siècle. Car ce qui est sur c’est qu’il est possible de profiter de reconstitutions exceptionnelles, des bâtiments aux vêtements des habitants, et d’une atmosphère très finement retranscrite. Perché sur un toit à quelques encablures de Notre-Dame, on observe Paris et ses rues où la nervosité est palpable. Cette matière réelle vient en effet permettre aux joueurs ou spectateurs de reconnaître ici et là des lieux, des personnalités et des évènements historiques.

Même si de nombreuses incohérences ou anachronismes subsistent et que le côté ultra violent du titre ne colle pas vraiment avec l’esprit de l’époque, ce n’est pas un problème. C’est aux historiens et aux professeurs de noter les erreurs et les faire remarquer par les apprenants pour ensuite en discuter et créer des objets de réflexion. Le jeu permet alors de développer l’esprit critique des élèves et donc d’enseigner l’importance d’une prise de recul.

Il en va de même pour les critiques émises par Jean-Luc Mélenchon envers le jeu et son image négative de la Révolution. Pascal Mériaux peut s’en servir pour aborder l’aspect politique des jeux vidéo. Là où la transition est toute faite pour un cours d’éducation civique.

L’utilisation d’un jeu vidéo en tant que support pédagogique est relativement captivante pour les élèves, ce qui permet d’engager leur esprit d’analyse. C’est toute l’idée du « serious gaming », un terme utilisé par des enseignants pour parler d’un détournement d’un jeu d’abord et avant tout de divertissement pour lui donner un aspect pédagogique.

Sources : Blog Microsoft , Thot Cursus