Au Yémen, ce « puits de l’enfer » fascine les géologues

trou Yémen
Crédits : capture YouTube / South China Morning Post

Inspirant le folklore local où on le surnomme « puits de l’enfer », un trou géant au Yémen représente un véritable mystère puisque l’on ignore ce qui s’y trouve. Cette cavité naturelle qui serait présente depuis des millions d’années est une source de fascination pour les géologues qui l’étudient.

Un lieu maudit par la population locale

Le puits de Barhout (ou « puits de l’enfer ») est une cavité naturelle se situant dans la vallée du Hadramaout, dans l’extrême est du Yémen près de la frontière avec le Sultanat d’Oman. Ce puits d’un diamètre d’une trentaine de mètres aurait une profondeur de 100 à 250 mètres. Véritable symbole du folklore de la région, le puits aurait servi de prison aux démons, une superstition renforcée pour beaucoup d’habitants en raison des fortes odeurs se dégageant du lieu. En temps normal, de nombreuses personnes hésitent d’ailleurs à s’en approcher et évitent même d’en parler par crainte qu’une malédiction s’abatte sur eux.

Or, les responsables yéménites disent ignorer ce qu’il y a à l’intérieur. Interrogé par Phys.org, Salah Babhair, de l’autorité géologique et des ressources minérales de la région de Mahra, explique que le puits est extrêmement profond et que personne n’a jamais atteint le fond. Il faut dire que le lieu est très peu ventilé, ce qui ne facilite pas l’exploration. Une équipe s’est tout de même récemment rendue dans le trou et l’a exploré sur une profondeur de cinquante ou soixante mètres. Les responsables de l’expédition disent avoir remarqué des choses étranges en plus de l’odeur, sans donner davantage de précisions.

trou Yémen
Crédits : capture YouTube / South China Morning Post

Il ne s’agit ni d’un volcan ni d’une doline

Il faut savoir que la lumière du Soleil pénètre très peu le puits et depuis le bord. Il est doc quasiment impossible d’y observer quoi que ce soit. Parfois, des oiseaux y entrent et en ressortent. Pour Salah Babhair, ce puits de l’enfer nécessiterait davantage d’études, de recherches et autres enquêtes. Par ailleurs, il ne s’agit pas vraiment d’un puits aquifère, mais plutôt d’une grotte. Aux XIXe et XXe siècles, plusieurs explorations ont eu lieu. Celles-ci n’ont observé aucune activité volcanique. En effet, il ne s’en dégage aucune vapeur soufrée. L’odeur caractérisant l’endroit pourrait selon certains observateurs être le résultat de l’activité des chauves-souris ou encore de l’érosion des roches. De plus, le volcan le plus proche est le Bir Borhut, se trouvant à des centaines de kilomètres du site et dont la dernière éruption remonte à l’an 905.

Enfin, il serait au premier abord possible d’associer le puits de Barhout au célèbre phénomène des dolines. Il s’agit d’une forme caractéristique d’une érosion des calcaires en contexte karstique, prenant l’apparence de dépressions circulaires dont le diamètre peut aller de quelques mètres à plusieurs centaines. Concernant le puits yéménite, si la taille du diamètre pourrait correspondre, la profondeur semble trop importante. Surtout, l’espace des dolines est occupé par des argiles de décalcification alors que le puits en question affiche un trou complètement béant.

Un trésor scientifique encore inexploité

Malgré les légendes et superstitions entourant le puits de Barhout, les scientifiques y voient une opportunité unique d’explorer un environnement resté intact pendant des millénaires. Les couches rocheuses visibles sur les parois pourraient révéler des informations précieuses sur l’histoire géologique de la région, tandis que l’écosystème potentiel au fond du puits, encore largement inconnu, pourrait abriter des formes de vie inédites adaptées à des conditions extrêmes. Ces découvertes pourraient non seulement enrichir nos connaissances en géologie et en biologie, mais aussi offrir des indices sur les environnements similaires présents ailleurs dans le monde, voire sur d’autres planètes.