Programme Artemis : la question de l’utilisation de la glace lunaire

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Crédits : NASA Goddard Space Flight Center

Sur la Lune, les stocks de glace ne sont pas encore exploités. En revanche, une question cruciale se pose : peut-on s’attendre à trouver suffisamment de glace sur la Lune pour soutenir l’établissement humain ?

La glace sur la Lune : un possible atout pour l’établissement humain

La Lune a encore des secrets. Citons notamment les « cratères d’obscurité éternelle », à savoir les ombres permanentes situées à des latitudes basses, au niveau des deux hémisphères (entre 58° et 65°). Au nombre de 324, ces régions complètement privées de Soleil représentent encore un mystère pour les scientifiques, comme l’explique le Scientific American dans un article du 23 mai 2023.

Comme toute ressource se trouvant dans l’espace, la glace lunaire interroge en effet grandement. Doit-on donc mettre en place une réglementation concernant l’exploration de ces cratères d’obscurité éternelle, et notamment l’extraction de la glace qui s’y trouve ? Actuellement, la NASA tente d’évaluer les conditions et possibles avantages d’une utilisation de cette glace lunaire dans le cadre de l’établissement d’une base.

Rappelons que le premier équipage humain du programme Artemis, plus précisément de la mission Artemis III, devrait arriver sur la Lune en 2025. Quatre astronautes débarqueront, dont deux pour un séjour d’environ une semaine. La mission s’établira à proximité du pôle Sud de l’astre, entre les cratères de Shackleton et Henson (voir image ci-après). Cette zone permettra aux astronautes d’accéder assez facilement aux zones d’obscurité, mais également d’utiliser l’énergie solaire.

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Crédits : NASA/Goddard Space Flight Center

La crainte d’une exploitation massive

Sur place, les astronautes mèneront des études géologiques. Leur but sera alors d’acquérir des connaissances du milieu qui devraient dans l’idéal permettre de bien préparer les prochaines missions habitées. Plus précisément, ils devront confirmer l’accessibilité de certains points d’intérêt, par exemple des rochers isolés, des cratères ombragés ou encore des affleurements rocheux. L’objectif de la NASA est clair : installer une base lunaire permanente d’ici à 2030. Or, l’agence spatiale évoque également la mise en place et la croissance d’une « économie cislunaire vigoureuse » qui incluera donc la possibilité d’exploiter la glace présente sur la Lune.

Cependant, certains scientifiques ne voient pas vraiment ces velléités d’un bon Å“il. C’est notamment le cas de l’astrophysicienne Erika Nesvold, autrice de l’ouvrage Off-Earth – Ethical Questions and Quandaries for Living in Outer Space (2023). Elle craint en effet que les ressources de la Lune soient massivement exploitées au point d’être trop rapidement dilapidées. La chercheuse rappelle qu’il existe des traités internationaux et des lois nationales, mais que rien n’assure que ces régulations puissent éviter une surexploitation et/ou des conflits autour la glace lunaire.