Depuis l’invasion de l’Ukraine par les forces russes, certains spécialistes ont spéculé sur le fait que la Russie pourrait utiliser des « armes nucléaires tactiques » contre son voisin direct. Mais que sont précisément ces armes et en quoi diffèrent-elles des armes dites « stratégiques » ?
Les armes nucléaires utilisent l’énergie dégagée par la fission de noyaux atomiques lourds (bombes A) ou par une combinaison de ce phénomène avec celui de la fusion de noyaux atomiques légers (bombes H). Les effets destructeurs sont principalement dus au souffle, aux brûlures et à l’effet des radiations. La Russie est aujourd’hui la première puissance nucléaire mondiale avec 6 600 têtes recensées, suivie des États-Unis, de la France, de la Chine et du Royaume-Uni. On distingue alors deux principaux types d’armes nucléaires : les stratégiques et les tactiques.
Les armes nucléaires stratégiques
Les armes nucléaires stratégiques sont celles que nous connaissons le mieux, au moins de nom. Elles incluent les tristement célèbres « Fat Man » et le « Little Boy », larguées sur Nagasaki et Hiroshima (300 000 morts). Ces armes sont conçues pour détruire des sites importants et géographiquement éloignés (plus de 5500 km).
Les armes nucléaires tactiques
Les armes nucléaires tactiques représentent quant à elles environ 30 à 40 % des arsenaux nucléaires américains et russes et près de 100 % des stocks dans divers autres pays.
Comme pour les armes nucléaires stratégiques, la définition diffère d’un pays à l’autre. La France considère par exemple tout son arsenal comme stratégique. La Chine classe également une grande partie de ses armes comme stratégiques qui, chez les Russes ou les Américains, seraient considérées comme tactiques.
De manière globale, ces armes sont cependant généralement plus petites que les armes nucléaires stratégiques en termes de charge utile et sont conçues pour être utilisées pour des frappes plus petites, parfois sur des champs de bataille. Elles peuvent prendre la forme de missiles à courte portée, de mines terrestres, d’obus d’artillerie, de grenades sous-marines et de torpilles.
En outre, ces armes sont également conçues pour une utilisation à plus courte portée que les armes nucléaires stratégiques. La portée est en effet inférieure à 500 km pour les missiles terrestres et inférieure à 600 km pour les armes à lancement aérien et maritime.
Ainsi, compte tenu de leur courte portée, elles ne sont pas destinées à provoquer des retombées ou des destructions nucléaires généralisées. Bien que plus petites, ces armes restent néanmoins très redoutées en raison du risque d’escalade qu’elles peuvent engendrer en cas d’utilisation sur le champ de bataille.
« À certains égards, [les armes nucléaires tactiques] sont même plus dangereuses que les stratégiques« , écrivait d’ailleurs un jour Nikolai Sokov, du James Martin Center for Nonproliferation Studies, dans un article pour Nuclear Threat Initiative. « Leur petite taille, leur vulnérabilité au vol et leur facilité d’utilisation perçue font de l’existence de ces armes dans les arsenaux nationaux un risque pour la sécurité mondiale« .