Les armes biologiques existent depuis plus longtemps qu’on ne le croit !

Pendant longtemps, les armes biologiques ont fait partie des arsenaux et une étude fait même remonter leur première utilisation au XIVe siècle avant J.C ! Interdites depuis 45 ans, les armes biologiques terrifient plus qu’elles ne fascinent.

Voici quelques exemples d’attaques biologiques relevées dans l’histoire. En 1346, les Tartares assiègent Caffa, un comptoir commercial de la République de Gênes situé en Crimée et une de leurs armes n’est autre que le catapultage de cadavres de personnes mortes de la peste. Cette technique a également été utilisée en 1422 par l’armée lituanienne assiégeant la ville de Carolstein (Bohême).

Au XVIIIe siècle, les colons britanniques ont diffusé la variole chez les populations indiennes. Il faut ensuite regarder la Première Guerre mondiale pour retrouver les traces d’attaques biologiques : le bacille de la morve fait l’objet de tentatives de contamination des chevaux à la fois de la part de la France et de l’Allemagne. Plus tard, lors de la Seconde Guerre mondiale, le Japon essaye pour la première fois la guerre biologique en Mandchourie (Chine).

En 1984, nous assistons au premier cas qualifié de bioterrorisme. En effet, la secte Rajneesh, menée par un gourou indien dans l’état de l’Oregon (États-Unis), a contaminé aux salmonelles la nourriture de plusieurs restaurants de la ville de The Dalles. 751 personnes furent contaminées et 45 personnes hospitalisées. Le second et dernier cas de bioterrorisme relevé s’est produit en 2001 avec l’envoi anonyme de 7 lettres contaminées à l’anthrax ayant fait 5 victimes.

La plupart du temps, les armes biologiques sont utilisées durant un conflit armé. Cette notion apparaît vaguement dans l’ouvrage L’art de la guerre de Sun Tzu en 600 avant J.C, l’auteur soutenant qu’une armée en plein santé sans aucune maladie est quasiment assurée de gagner.

Dans une étude publiée en 2007, le biologiste Siro Igino Trevisanato a déclaré avoir trouvé la trace d’une des plus anciennes tentatives d’attaques biologiques au XIV siècle avant J.C, chez les Hittites originaires d’Anatolie, dans l’actuelle Turquie. A cette époque, les Hittites ont été affaiblis par une épidémie de tularémie, une infection bactérienne transmissible à l’homme.

Les voisins des Hittites, les Arzawas, ont tenté de les envahir après avoir compris leur faiblesse. Les écrits étudiés par Siro Igino Trevisanato stipulent que les Hittites auraient relâché des béliers dans la nature en espérant que les Arzawas soient à leur tour contaminés et ainsi abandonnent l’invasion, une stratégie qui s’est avérée payante.

Cette théorie est discutée par un autre spécialiste, le chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique Olivier Lepick, interrogé par Science & Vie :

« Il est difficile de faire la différence entre une épidémie naturelle et une épidémie qui ne l’est pas. Au cours de l’Antiquité, quelques utilisations d’armes biologiques ont été relatées, mais il n’existe pas de certitude absolue : on est à la frontière entre mythe et réalité historique. Ces témoignages montrent tout de même qu’on reconnaissait déjà à l’arme biologique un intérêt militaire. »

Aujourd’hui, les armes biologiques sont considérées comme non morales et leur interdiction est intervenue à l’issue de la Convention de 1972 sur les armes biologiques. Selon Olivier Lepick, les armes biologiques et chimiques, à l’époque identifiées telles des armes empoisonnées, étaient déjà considérées comme immorales.

Sources : Science & VieComité International de la Croix-Rouge