En Argentine, des capybaras réinvestissent leur ancien habitat, au grand dam des habitants

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Les résidents d’une communauté aisée de Buenos Aires, en Argentine, ont visiblement du mal à s’entendre avec de nouveaux voisins indisciplinés : des centaines de capybaras, les plus gros rongeurs du monde. En réalité, les animaux reviennent chez eux, n’en déplaise aux habitants.

Retour à la maison

Des centaines de capybaras (Hydrochoerus hydrochaeris), investissent depuis plusieurs semaines le quartier de Nordelta, au nord de Buenos Aires, qui abrite environ 40 000 personnes. Certains font leurs besoins dans les jardins, tandis que d’autres détruisent les parterres de fleurs ou provoquent des accidents de la circulation. Mais alors que beaucoup que plaignent, certains oublient que les capybaras n’envahissent pas le quartier Nordelta. En réalité, ils reprennent possession des lieux.

«C’est Nordelta qui a envahi l’écosystème des capybaras, non l’inverse», souligne en effet au Guardian Enrique Viale, un éminent avocat argentin spécialisé dans l’environnement. À la fin des années 1990, le quartier huppé a en effet été construit au-dessus des zones humides entourant les rives du fleuve Paraná, la deuxième plus grande rivière en Amérique du Sud.

Les capybaras, qui fréquentaient les lieux depuis longtemps, n’ont jamais complètement disparu de la région. Néanmoins, le nombre a considérablement diminué à cause des infrastructures humaines. Mais ils ne sont pas les seuls à avoir déserté… Les jaguars aussi. Leurs prédateurs naturels ayant disparu, la population des capybaras a finalement augmenté à nouveau (+17% en 2020).

À ce jour, on estime à environ 400 le nombre de ces rongeurs dans le quartier. À ce rythme, leur population pourrait atteindre un seuil d’environ 3 000 dans quelques années, selon les experts.

De leur côté, les habitants de Nordelta (1 214 hectares) n’entendent pas lâcher l’affaire, exhortant les autorités à mettre en place les moyens nécessaires pour faire fuir les animaux, comme des clôtures renforcées. Certains auraient également menacé de tirer sur les capybaras, toujours selon le Guardian.

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Crédits : wjgomes/Pixabay

Les capybaras soutenus par la majorité

Naturellement, tout le monde ne voit pas cette « invasion » d’un mauvais œil. Parmi les Argentins, en particulier dans les quartiers pauvres de Buenos Aires, beaucoup prennent le parti des capybaras, considérant cette affaire comme le symbole d’une lutte des classes contre l’élite de la ville ayant détruit l’écosystème pour se séparer des communautés les moins aisées, rapporte le quotidien anglais.

En s’établissant dans cette zone humide, les promoteurs immobiliers ont notamment modifié les systèmes de drainage naturels de la région, provoquant régulièrement des inondations dans les communautés environnantes. «Lorsqu’il y a des événements météorologiques extrêmes, ce sont les quartiers environnants les plus pauvres qui finissent par être inondés», souligne en effet Enrique Viale. «Comme toujours, ce sont les pauvres qui finissent par en payer le prix».