L’Arctique se réchauffe quatre fois plus vite que le reste du globe

amplification arctique
Crédits : NASA SVS/NASA Center for Climate Simulation.

L’Arctique est la région du monde qui s’est réchauffée le plus rapidement au cours des dernières décennies, un phénomène appelé amplification arctique. Le discours standard évoque un réchauffement deux à trois fois plus rapide que sur le reste du globe. Or, si l’on en croit une étude publiée dans la revue Communications Earth & Environment le 11 août 2022, ce rapport est en réalité plus proche de quatre.

En analysant plusieurs bases de données sur l’évolution de la température à deux mètres depuis 1979, date à partir de laquelle ont débuté les observations satellitaires, un groupe de chercheurs d’Europe du Nord a identifié un rythme de réchauffement de 0,75 °C par décennie sur le domaine situé au nord du cercle arctique. La moyenne mondiale s’étant réchauffée de seulement 0,2 °C par décennie sur la même période. Toutefois, la hausse n’est pas homogène à l’échelle du bassin.

Par exemple, la région qui s’est le plus réchauffée s’étend de l’archipel du Svalbard jusqu’à celui de la Nouvelle-Zemble avec une élévation de température moyenne de 1,2 °C par décennie, presque sept fois le rythme de réchauffement mondial. À cet égard, les modèles climatiques semblent sous-estimer l’intensité de l’amplification arctique qui, on le rappelle, est en partie due au retrait accéléré de la banquise et de la neige aux hautes latitudes nord.

Évolution de la température au-delà du cercle arctique entre 1950 et 2021, avec un calcul des tendances linéaires pour chaque jeu de données entre 1979 et 2021 (a). Distribution géographique du réchauffement (b). Réchauffement local par degré de réchauffement global, permettant de mieux percevoir l’amplification arctique. Crédits : Mika Rantanen & coll. 2022.

Une amplification arctique plus importante que prévu ?

Sur la même période, les modèles simulent un réchauffement de l’ordre de 0,3 °C par décennie, soit moins de la moitié de celui réellement observé. Les chercheurs notent que cet écart peut soit résulter d’un biais des modèles, soit de la variabilité interne du climat qui a ajouté un surplus de réchauffement non lié au forçage par les gaz à effet de serre entre 1979 et 2021. On sait par exemple que les années 1960 à 1980 ont été anormalement froides en Arctique, ce qui peut biaiser la véritable tendance climatique.

« Le repère dans la littérature est que l’Arctique se réchauffe environ deux fois plus vite que le globe, donc pour moi, c’était un peu surprenant que notre chiffre soit tellement plus élevé que l’habituel », rapporte Antti Lipponen, coauteur de l’étude. « Peut-être que la prochaine étape serait de jeter un coup d’œil aux modèles, je serais vraiment intéressé de voir pourquoi les modèles ne reproduisent pas ce que nous voyons dans les observations et quel impact cela a sur les projections climatiques futures ».