Une étude basée sur 35 ans de données montre comment les changements climatiques en Arctique influent sur la phénologie des oiseaux de mer. Elle révèle des réponses étonnamment diversifiées dont les mécanismes ne sont pas toujours bien compris. Les résultats ont été publiés dans la revue Global Change Biology le 31 juillet dernier.
L’étendue minimale de banquise arctique – atteinte chaque année en septembre – a été la seconde plus basse jamais observée en 2019. Selon les chiffres du NSIDC, le minimum a été atteint le 18 septembre avec 4,153 millions de km². Cela place 2019 à quasi-égalité avec 2016 où l’on mesurait un minimum à 4,165 millions de km². Seule l’année 2012 fait mieux avec son record spectaculaire à 3,387 millions de km².
Malgré des fluctuations d’une année sur l’autre, la tendance de fond est très claire. La banquise boréale disparaît à une vitesse fulgurante. Depuis les années 1980, ce sont trois quarts du volume de glace de mer qui ont été perdus. Une évolution en grande partie imputable au réchauffement climatique dû à l’Homme.
Influence du réchauffement boréal sur les oiseaux de mer
L’élévation drastique des températures de l’Arctique et le recul des glaces qui l’accompagne ont de profonds effets sur les équilibres écosystémiques. Aussi, une nouvelle étude parue dans la revue Global Change Biology fait état d’un changement notable de la période de reproduction chez les oiseaux de mer. En effet, certaines espèces installées du côté pacifique se reproduisent une dizaine de jours plus tôt par rapport au début des années 1980. Au total, l’analyse a porté sur 29 espèces d’oiseaux de 36 localités différentes.
« Les régions polaires sont parmi les plus menacées au monde. Cela entraîne des modifications substantielles des conditions environnementales qui conditionnent la survie des organismes vivant dans ces latitudes extrêmes. Les oiseaux – et en particulier les oiseaux de mer – représentent l’un des groupes taxonomiques les plus menacés par le réchauffement de la planète et l’impact de l’activité humaine (pêche, etc.) », explique Francisco Ramírez, un des co-auteurs du papier.
L’avancement de la période de reproduction est une réponse adaptative aux changements qui affectent l’environnement naturel. Toutefois, rien ne garantit que cette réponse soit suffisante. En particulier dans les situations où les perturbations sont très rapides – ce qui est actuellement le cas.
Des réponses très diversifiées
On peut malgré tout noter que les modifications observées chez les oiseaux de mer varient grandement selon l’espèce et la zone géographique considérées. Certaines d’entre elles ne montrant aucune évolution notable. Voire même un léger recul.
Une des caractéristiques qui différencient les espèces ayant avancé leur période de reproduction de celles ne l’ayant pas fait repose sur le mode d’alimentation. En effet, les premières restent à la surface de l’océan pour se nourrir tandis que les secondes plongent plus en profondeur. Par ailleurs, celles avec une plus longue saison de reproduction se montrent plus sensibles aux changements.
Enfin, la dynamique de l’océan et de la glace de mer n’est pas la même des deux côtés de l’Arctique. Un fait qui peut expliquer les tendances très différenciées entre les deux extrémités du bassin.
« Cela signifie qu’il reste encore beaucoup à apprendre sur la manière dont les espèces réagissent aux changements actuels et sur les conséquences de ces réactions. Aussi, ces changements – ceux qui se produisent dans les écosystèmes naturels en général et dans ceux de l’Arctique en particulier – doivent être pris très au sérieux », ajoute Francisco Ramírez.
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