Des archéologues pensent avoir identifié un gode romain

phallus gode romain
Crédits : Université de Newcastle

Une réanalyse d’une sculpture en bois en forme de phallus, découverte en 1992, avec des techniques modernes laisse à penser qu’elle pouvait servir de jouet sexuel. Si tel est le cas, il s’agirait alors du premier gode romain grandeur nature connu. 

Le Mur d’Hadrien est une fortification qui s’étale au niveau de l’actuelle frontière Angleterre-Écosse, dont la construction remonte à 122 apr. J.-C. Il fut édifié sous le règne de l’empereur Hadrien dans le but de protéger la frontière nord de la province romaine de Bretagne des attaques des « barbares » (peuples calédoniens).

Les conditions anaérobies du fort romain de Vindolanda, près de ce très long mur, ont préservé une variété d’objets faits de matériaux organiques, parmi lesquels figurent de nombreux vêtements ou encore des tablettes d’écriture. Dans le cadre de nouveaux travaux, des chercheurs ont réexaminé un objet en bois initialement récupéré en 1992.

Un possible gode

On a d’abord pensé que l’objet, long d’environ dix-sept centimètres, aurait pu être utilisé de plusieurs façons, notamment comme pilon pour broyer des ingrédients pendant la cuisson. Le fait qu’il ait été retrouvé dans un fossé avec des dizaines de chaussures et d’accessoires vestimentaires, ainsi que des déchets artisanaux tels que des chutes de cuir et des bois travaillés, laissait également à penser qu’il pouvait s’agir d’un ancien outil de reprise.

Une autre proposition suggérait que cet objet, dont la forme ressemble à celle d’un phallus humain,  pouvait servir de porte-bonheur pour « conjurer le mal ». Cette option n’aurait pas été surprenante. Nous savons en effet qu’à l’époque romaine, des sculptures de phallus étaient souvent affichées à l’extérieur des bâtiments, autour des fenêtres et des portes, dans le but de conjurer le sort. En 2022, l’un de ces pénis, la plus grande sculpture romaine de phallus jamais découverte, a d’ailleurs été identifié sur un ancien site romain en Espagne.

phallus gode romain
Crédits : Vindolanda Trust

Cependant, il semblerait que ce ne soit pas le cas ici. Des scans 3D de l’objet ont en effet révélé que les deux extrémités étaient lisses par rapport au reste de la pièce. Ces différences de textures laissent à penser que l’objet pourrait avoir été un jouet sexuel.

« Nous savons que les anciens Romains et Grecs utilisaient ce type d’instruments sexuels. Cet objet de Vindolanda pourrait en être un exemple« , souligne Robert Collins, le principal auteur des travaux. « Si tel est le cas, ce serait, à notre connaissance, le premier gode romain rencontré en archéologie« .

Il convient toutefois de rappeler que, parfois, ces anciens godes n’étaient pas toujours utilisés pour le plaisir… mais comme outils de torture.

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Antiquity.