Après les abeilles, les bourdons sont à leur tour menacés

Une reine bourdon (Bombus impatiens) recueille des ressources florales pour son nid. Crédits : Leif Richardson

Grands pollinisateurs, les bourdons sont aujourd’hui en grand danger. Les menaces environnementales, telles que les insecticides et le manque de diversité florale, pèsent grandement sur les reines, dont dépendent des colonies entières.

Le printemps est une période clé pour les reines bourdons. Après avoir émergé de leur hibernation, celles-ci doivent construire des nids, pondre des œufs, maintenir leurs larves au chaud et les nourrir. C’est exigeant sur le plan physiologique, et les enjeux sont élevés : le succès de la colonie dépend du travail solitaire de la reine pendant cette période. Mais cette mécanique bien huilée est aujourd’hui enrayée. Dans une étude publiée dans Proceedings of the Royal Society B, des chercheurs de l’Université de Californie (États-Unis) tirent en effet la sonnette d’alarme : les menaces environnementales s’accumulent, et les reines bourdons en paient le prix.

Dirigée par Hollis Woodard, professeure adjointe d’entomologie, l’équipe a en effet découvert que l’exposition à un insecticide largement répandu et une mauvaise alimentation nuisaient à la santé et au travail des reines bourdon, ce qui pourrait avoir des conséquences dramatiques sur un groupe de pollinisateurs déjà en déclin. Rappelons que les bourdons sont les chevaux de trait du monde des insectes pollinisateurs, jouant un rôle clé dans les écosystèmes naturels et agricoles. Les cultures des tomates, par exemple, dépendent en grande partie de leurs services de pollinisation.

Des études antérieures ont déjà mis en cause le thiaméthoxame, un insecticide néonicotinoïde. Une fois exposées à ce produit, les reines bourdons pondent en effet beaucoup moins d’œufs. Cela pourrait donc entraîner un effondrement des populations. Les néonicotinoïdes sont généralement appliqués sur les graines avant de contaminer le sol – où les bourdons dorment – et pénètrent dans les tissus végétaux, y compris le pollen et le nectar. Un autre facteur de stress pour les bourdons est la diminution de la diversité florale, entraînée par l’utilisation des terres agricoles et d’autres changements globaux.

« Les bourdons sont des généralistes floraux qui recueillent le pollen d’une grande variété d’espèces végétales, et des études antérieures ont démontré qu’un régime mixte favorise mieux le développement des colonies de bourdons qu’un régime composé de pollen provenant d’une seule fleur », explique Hollis Woodard.

Les chercheurs ont ici testé les effets d’une exposition temporaire ou prolongée à l’imidaclopride néonicotinoïde. Ils ont démontré que les reines bourdon étaient beaucoup moins actives et six fois plus susceptibles de mourir au cours d’une exposition prolongée (37 jours) à ce pesticide. Les reines exposées survivantes ont également produit seulement un tiers des œufs et un quart des larves par rapport aux reines non traitées.

Créer de nouvelles colonies est vital pour la survie des bourdons. Si les reines ne produisent pas d’œufs ou ne fondent pas de nouvelles colonies, il est possible que les ceux-ci disparaissent complètement. Le chercheur appelle donc à ce que l’utilisation d’insecticides néonicotinoïdes aux États-Unis soit reconsidérée. De leur côté, les États membres de l’Union européenne ont récemment décidé d’interdire ces produits de tous les champs d’ici la fin de l’année 2018, en raison du grave danger qu’ils représentent pour les abeilles.

Vous retrouverez tous les détails de cette étude dans les Actes de la Royal Society B.

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