La Wildlife Conservation Society (WCS) vient de publier la photo d’un âne sauvage asiatique franchissant une barrière auparavant impénétrable pour atteindre la steppe orientale. La dernière fois que cela s’était produit, c’était il y a 65 ans.
Entre 1949 et 1961 fut construit le Transmongol, une importante voie ferrée reliant le sud de la Russie au nord-est de la Chine sur plus de 2000 km. À l’époque, on avait ignoré la question de savoir comment la structure qui coupe le pays en deux allait affecter les espèces animales de la région, dont l’âne sauvage asiatique (aussi appelé Hémione, ou Onagre).
« Lorsque la clôture du couloir a été mise en place pour empêcher le bétail et les gens de sortir des pistes (et probablement aussi pour empêcher les véhicules d’essayer de traverser), les ânes sauvages n’étaient plus en mesure de se déplacer librement », explique en effet Kirk Olson, directeur de la conservation de la Mongolie pour la Wildlife Conservation Society (WCS).
La menace de trop
Cette perte d’habitat porta un coup supplémentaire à l’espèce qui est aujourd’hui menacée. En effet, certains éleveurs (les plus âgés) ont expliqué au chercheur que les ânes avaient à l’époque été beaucoup chassés par les soldats soviétiques. En outre, de plus en plus de villages se sont installés près des sources naturelles d’eau, éloignant encore davantage ces équidés de nature méfiante.
Finalement, une fois construction de la voie ferrée achevée, l’âne sauvage asiatique, alors privé de plus de 16 000 km2 de pâturages, disparut complètement de la steppe orientale du pays. La dernière fois que l’un d’entre eux s’y était aventuré, c’était en 1955.
Un âne traverse la voie et entre dans l’histoire
Il y a quelques années, l’équipe du WCS décida alors de « faire tomber » une petite section de clôture métallique qui borde les deux côtés de la voie, ouvrant ainsi un premier corridor pour les espèces de la région.
Les gazelles mongoles, qui pendant des années s’empêtraient dans la clôture ou mourraient de faim faute de pouvoir accéder à de meilleurs pâturages, l’ont rapidement emprunté. Les ânes ont été de leur côté plus sceptiques, jusqu’à ce qu’un l’un d’eux fasse prudemment ses premiers pas vers l’est. C’était le 16 mars dernier, à environ 750 km d’Oulan-Bator.
La photo (visible en en-tête) a été prise par l’une des 85 caméras installées le long de la voie de chemin de fer par des écologistes du WCS.
Reste à savoir si d’autres le suivront et comment ces animaux s’adapteront à leur ancien territoire. Mais c’est sans aucun doute une excellente nouvelle pour l’espèce !
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