Un virus menaçant se propage rapidement parmi les cacaoyers en Afrique de l’Ouest, mettant ainsi en danger l’approvisionnement mondial en chocolat. Originaire du Ghana, cet agent pathogène cause en effet des pertes de récolte allant jusqu’à 50 %. Cette maladie est propagée par de petites cochenilles qui se nourrissent des feuilles et des bourgeons des arbres. Comment lutter ?
Un virus propagé par les cochenilles
Les virus végétaux, tels que le virus des pousses gonflées du cacao (CSSV), représentent un défi majeur pour l’industrie cacaoyère. Ils menacent en effet la sécurité alimentaire, les économies nationales et la biodiversité. Découvert pour la première fois au Ghana en 1936, le CSSV peut entraîner des pertes de rendement de 15 à 50 %. Transmis par des cochenilles, le virus affecte toutes les parties de la plante de cacao et provoque des symptômes tels que des bandes veineuses rouges sur les feuilles et des gonflements des tiges et des racines.
Malgré les tentatives de lutte passées, telles que l’abattage des arbres infectés, les pertes de cacaoyers ont été considérables, avec plus de 254 millions d’arbres perdus au Ghana dans les années 1940. Une autre solution consiste à vacciner les arbres contre le virus, mais cela s’avère coûteux pour les petits agriculteurs. Cette approche réduit également le rendement des arbres concernés. L’idée serait donc de trouver le bon équilibre en vaccinant certains arbres, mais pas d’autres.
Dans cette optique, des chercheurs ont récemment développé des modèles mathématiques pour analyser divers facteurs, tels que la vitesse de déplacement des cochenilles d’un arbre à l’autre, le but étant de résoudre un problème crucial : comment planter efficacement des arbres vaccinés pour limiter la propagation du virus CSSV ? En effet, en comprenant les mécanismes de transmission du virus par les cochenilles, il devient alors possible de calculer la distance idéale entre les arbres vaccinés et non vaccinés.
Deux modèles possibles
L’équipe de recherche a mis au point deux types de modèles mathématiques innovants pour aider les agriculteurs à contrer la propagation du virus CSSV. Ces modèles sont conçus pour permettre une planification précise de la disposition des arbres vaccinés par rapport aux arbres non vaccinés, créant ainsi une barrière protectrice efficace.
Le premier type de modèle prend en compte la dynamique de transmission du virus entre les arbres, en tenant compte de facteurs tels que la distance entre les arbres, la densité de la plantation et les déplacements des cochenilles vectrices du virus. En utilisant ces données, les agriculteurs peuvent déterminer la distance optimale à laquelle les arbres vaccinés doivent être plantés pour empêcher la propagation du virus.
Le deuxième type de modèle est basé sur des simulations informatiques qui intègrent des variables aléatoires pour capturer l’incertitude et la variabilité dans le processus de transmission du virus. Cela permet aux agriculteurs d’explorer différents scénarios et de prendre des décisions éclairées sur la meilleure stratégie de plantation pour protéger leurs cultures.
En combinant ces modèles avec des données empiriques et des observations sur le terrain, les agriculteurs peuvent ainsi développer des plans de gestion adaptés aux conditions locales spécifiques. Ces modèles expérimentaux représentent ainsi une avancée prometteuse dans la lutte contre le virus CSSV, offrant aux agriculteurs un outil précieux pour protéger leurs cultures et améliorer les rendements.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Plos One.