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Apparemment, le goût du chou frisé fait grimacer les bébés à naître

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Crédits : Étude FETAP/Université de Durham/PA

Si le goût du chou frisé vous fait grimacer, sachez que vous n’êtes pas seul. Des chercheurs ont observé des foetus avoir une expression de dégoût dès lors qu’ils sont exposés à ce légume dans l’utérus. Cette nouvelle recherche, publiée dans la revue Psychological Science, est la première à examiner directement la réponse des bébés à naître à différentes saveurs.

Le liquide amniotique permet aux fœtus de ressentir leur environnement pour la première fois, en particulier leur environnement chimique. Cette expérience fournit des informations sensorielles continues, telles que le goût et l’odorat, de la vie fœtale jusqu’à la naissance, de quoi les préparer à leur environnement postnatal.

Parmi une grande variété d’autres composés du métabolisme materno-foetal ou de l’environnement maternel, l’environnement prénatal est imprégné de composés aromatiques véhiculés par l’alimentation de la mère. Nous savons par ailleurs que les papilles gustatives se développent anatomiquement chez les foetus humains vers huit semaines de gestation, tandis que les premières saveurs peuvent être détectées à partir de quatorze semaines de gestation.

L’expérimentation des premières saveurs

Ceci étant dit, à ce jour, l’impact de l’exposition fœtale aux saveurs n’a été étudié que de manière indirecte.

Avant que la visualisation par ultrasons ne soit possible, la chimio-sensation fœtale et l’activité de déglutition du liquide amniotique étaient en effet déduites des changements du tour de taille de la mère enceinte. Grossièrement, la présence de liquide amniotique en excès impliquait une faible déglutition foetale.

Des bébés prématurés ont également été examinés en supposant que leur réactivité chimiosensorielle pouvait être extrapolée aux fœtus du même âge pour l’odorat et le goût.

Enfin, une troisième stratégie consistait à tester les bébés nés à terme, dans les heures ou les jours suivant la naissance, avec des stimuli chimiques auxquels ils étaient supposés avoir été exposés avant la naissance. Par exemple, on a constaté que des nouveaux-nés ne présentaient pas d’aversion à l’odeur de l’ail (par rapport à une odeur témoin) entre 15 à 28 heures après la naissance si leur mère avait mangé au moins quatre repas contenant de l’ail par semaine au cours du dernier mois de grossesse.

Dans le cadre d’une nouvelle étude, des chercheurs de de l’Université de Durham (Angleterre) ont voulu mesurer les effets d’une exposition prénatale à différentes saveurs de manière plus directe.

Des préférences déjà dans l’utérus

Pour ces travaux, l’équipe a examiné les échographies de près de 70 femmes enceintes âgées de 18 à 40 ans et originaires du nord-est de l’Angleterre. Toutes étaient entre 32 et 36 semaines de gestation. Ces femmes ont été divisées en deux groupes. Un premier groupe a été invité à prendre une capsule de chou frisé en poudre vingt minutes avant une échographie. Le second a été invité à prendre une capsule de carotte en poudre.

La consommation de légumes par les mères ne différait pas entre le groupe chou frisé et carotte, et toutes les femmes ont été invitées à s’abstenir de manger quoi que ce soit d’autre dans l’heure précédant leur examen. L’équipe a également examiné les scans d’une trentaine de femmes, extraits d’archives, qui n’avaient ingéré aucune capsule.

L’équipe a ensuite effectué une analyse image par image de la fréquence de plusieurs mouvements faciaux qui ressemblaient à des rires ou des pleurs.

Après examen, il est ressorti que les foetus exposés à la saveur de la carotte ont montré plus fréquemment des signes de plaisir, tandis que les fœtus exposés à la saveur du chou frisé ont montré plus de signes d’aversion (levage de la lèvre supérieure, abaissement de la lèvre inférieure ou encore pression des lèvres) par rapport au groupe carotte et à un groupe témoin non exposé à aucune saveur. 

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Comparaison des expressions faciales d’un foetus avant et après été exposé à du chou frisé. FM11 = sillon nasolabial ; FM16 = abaisseur de la lèvre inférieure. Source : Psychological Science

Ces résultats signifient également que le fœtus est déjà conscient, ou capable de ressentir, ce que la mère a mangé, alors même que celle-ci n’a pas encore fini son repas.

L’étude, qui ouvre une fenêtre sur le monde chimio-sensoriel du foetus humain, a des implications importantes, suggérant que nos préférences alimentaires peuvent commencer avant la naissance, et donc être potentiellement influencées par le régime alimentaire de la mère. Les chercheurs prévoient maintenant d’explorer la réaction des bébés aux différentes saveurs dans les jours qui suivent la naissance.