Menacées, les antilopes saïgas ont profité d’un « baby boom » cette année

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Crédits : Andrey Giljov/Wikipédia

Une équipe de chercheurs annonce la naissance de plus de 500 antilopes saïgas au Kazakhstan au cours des derniers mois. Une excellente nouvelle pour cette espèce menacée.

Originaires d’Europe de l’Est et d’une grande partie de l’Asie centrale, les antilopes saïgas, reconnaissables par leur museau long et arqué et leurs cornes torsadées, sont en danger critique d’extinction. Et pour cause, cette espèce emblématique de la région doit faire face à plusieurs menaces.

Braconnage, perte d’habitat et maladies

Celles qui autrefois évoluaient par millions en Asie centrale ont dans un premier temps été fragilisées par le braconnage. Dès la chute de l’Union soviétique, les antilopes ont en effet été chassées en masse pour leurs cornes. Celles-ci étaient ensuite vendues en Asie pour alimenter le marché de la médecine traditionnelle.

Dans le même temps, l’espèce a dû également lutter contre les infrastructures humaines. Et pour cause, de manière un peu ironique, des centaines de kilomètres de clôtures installées par le gouvernement kasakh, pour justement dissuader les braconniers, ont empêché les antilopes de migrer pour se reproduire. Celles-ci passent en effet l’hiver au-dessus de la frontière, avant de retourner au Kazakhstan pour se reproduire fin avril.

À ces deux menaces viennent s’ajouter les risques de maladies. L’année 2015 fut notamment une année meurtrière. En une saison, l’une des populations évoluant sur le plateau d’Ustyurt, au Kazakhstan, avait à l’époque essuyée plus de 200 000 pertes.

Si les raisons de cette épisode de mortalité massif sont longtemps restées mystérieuses, nous savons désormais que ces animaux ont tous été victimes d’une septicémie hémorragique, provoquée par la bactérie Pasteurella multocida de type B. Celle-ci avait à l’époque profité de conditions climatiques particulièrement chaudes et humides.

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En 2015, les antilopes saïgas ont essuyé une véritable hécatombe. Crédits : Royal Veterinary College

Un signe prometteur

Suite à ce tragique épisode, des écologistes de la Conservation of Biodiversity of Kazakhstan (ACBK) ont suivi de près la santé du troupeau concerné, pour voir si oui ou non il pouvait recouvrir ses effectifs. Des patrouilles ont également été régulièrement déployées dans le but de contenir autant que faire se peut les risques de braconnage.

En 2018, une cinquantaine de naissances avaient alors été recensées dans les steppes kazakhs. Malheureusement, l’année 2019 avait ensuite été particulièrement sombre, avec seulement quatre naissances enregistrées. Toutefois, la situation semble de nouveau s’améliorer.

En effet, un nouveau recensement effectué il y a quelques semaines a révélé la naissance de 530 nouvelles antilopes. Les écologistes évoquent un véritable « baby-boom », indispensable pour la survie de l’espèce.

A SAIGA CALVING SITE HAS BEEN DISCOVERED IN USTYURTACBK specialists have been searching for sites of mass saiga…

Publiée par ACBK – Association for the Conservation of Biodiversity of Kazakhstan sur Mercredi 27 mai 2020

C’est donc un signe prometteur, mais ce n’est en revanche pas encore suffisant, tempèrent les chercheurs. Les efforts de protection vont devoir se poursuivre, ce qui n’est pas forcément évident dans la région.

Comme l’explique en effet Emeline Férard à Géo, « dans un pays de steppes grand comme cinq fois la France et peuplé de moins de 20 millions d’habitants, la surveillance s’avère compliquée. D’autant plus face à des braconniers généralement armés et bien équipés ».

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