Les antidépresseurs sont inefficaces chez les jeunes

médecin médecine
Crédits : iStock

La plupart des médicaments antidépresseurs sont inefficaces, voire même parfois dangereux chez les enfants et les adolescents souffrant de dépression majeure, selon une vaste étude publiée jeudi dans la revue médicale britannique The Lancet

Menée par un groupe international de chercheurs, l’étude a passé en revue 34 essais portant sur plus de 5 200 enfants et adolescents âgés de 9 à 18 ans et 14 médicaments antidépresseurs. Elle a révélé qu’un seul de ces médicaments, la fluoxetine (commercialisée également sur le nom de Prozac), était plus efficace qu’un placebo pour traiter les symptômes d’une dépression. Un trouble qui touche environ 3% des enfants de 6 à 12 ans et entre 8% et 12% des adolescents en France.

La venlafaxine est de son côté associée à un risque accru de pensées suicidaires et le notriptyline a été jugé le moins efficace. Avec 13 médicaments inefficaces sur 14, le professeur David Cohen, signataire de l’étude, en a profité pour insister : « Il est admis depuis une dizaine d’années que les traitements médicamenteux n’ont que peu d’effets sur les dépressions de l’enfant et de l’adolescent ». Les chercheurs reconnaissent cependant que la véritable efficacité et les risques d’effets indésirables graves de ces médicaments restent dans l’ensemble mal connus en raison de la faiblesse des essais cliniques existants.

maxresdefault-3

La psychothérapie reste le traitement de première intention. De nombreuses études ont déjà montré que les psychothérapies constituent le traitement de référence pour traiter la dépression. Mais le fait qu’elles ne soient généralement pas remboursées en dehors de l’hôpital et les délais d’attente de plusieurs mois font qu’elles ne sont généralement pas le premier choix qu’elles devraient être. En effet, les antidépresseurs sont largement utilisés. La proportion d’enfants et d’adolescents américains prenant des antidépresseurs a d’ailleurs augmenté de 1,3% à 1,8% entre 2005 et 2014 et de 0,7% à 1,2% au Royaume-Uni. Des augmentations inquiétantes quand on sait qu’au-delà des maux de tête, nausées et insomnies, ces médicaments peuvent favoriser les idées suicidaires. Un tiers des adolescents souffrant de dépression ferait une tentative de suicide.

Les symptômes de la dépression, difficiles à diagnostiquer, peuvent souvent passer inaperçus. Quelques fois les patients ont même du mal à s’en rendre compte. Un diagnostic à l’hôpital doit donc être effectué avant une quelconque prescription. Chez les adolescents, une dépression se traduit généralement par l’irritabilité, le refus scolaire ou un comportement agressif. Mais les antidépresseurs ne semblent pas offrir un bénéfice évident dans ce cas. Et même si la fluoxetine reste la meilleure option quand le traitement médicamenteux est indiqué, l’approche psychologique doit être favorisée. Un moyen moins « à risque » et bien plus efficace sur le long terme.

Source : AFP