Une équipe de chercheurs américains indique que l’assèchement qui touche une partie de la péninsule Ibérique est piloté par une extension extrêmement inhabituelle de l’anticyclone des Açores. Les résultats ont été publiés dans la revue Nature Geoscience ce 4 juillet.
Les sécheresses qui touchent de façon toujours plus récurrente l’Europe du Sud et du Sud-ouest amènent des complications croissantes pour les écosystèmes et les économies de ces régions. À l’ouest de la Méditerranée, en particulier entre Portugal et Espagne, on observe par exemple une diminution des précipitations de l’ordre de 5 à 10 millimètres par an durant l’hiver.
Un gonflement de l’anticyclone des Açores…
Selon une nouvelle étude, cette aridification est à mettre en lien avec la configuration de l’anticyclone des Açores, jugée sans précédent depuis au moins 1200 ans. Aussi, ce système de hautes pressions situé dans l’Atlantique Nord et accompagné de vents tournant dans le sens des aiguilles d’une montre occupe une surface de plus en plus importante, empiétant ainsi de façon croissante sur le sud-ouest de l’Europe.
Les modèles utilisés par les chercheurs indiquent que cette évolution a débuté à l’aube du dix-neuvième siècle et s’est accélérée durant le vingtième siècle, à un rythme voisin de celui du changement climatique. En recoupant les résultats obtenus avec les archives naturelles que sont les stalagmites, les auteurs ont mis en évidence une corrélation très nette entre le régime pluviométrique de la péninsule et l’extension anticyclonique.
Il s’agit de la première étude à séparer les fluctuations naturelles du signal anthropique dans les changements qui affectent l’anticyclone des Açores au long terme. Parmi les diverses influences prises en compte par les chercheurs, les gaz à effet de serre présentent le lien le plus fort, ce qui s’expliquerait par l’affaiblissement qu’ils induisent sur les cellules de Hadley.
… proportionnel au réchauffement global
Selon les projections climatiques, le système occupera une surface encore plus importante d’ici à 2100, amenant une réduction supplémentaire des précipitations de 10 % à 20 % en moyenne sur la péninsule Ibérique. Il s’agit là d’un enjeu majeur pour le secteur agricole déjà fragilisé par les évolutions passées et présentes. Aussi, dans sa forme actuelle, la viticulture régionale pourrait être réduite d’un quart, voire disparaître d’ici 2050.
« Nos découvertes ont des implications importantes pour les changements hydroclimatiques projetés en Méditerranée occidentale tout au long du vingt et unième siècle », notent les auteurs dans leur étude.