Antarctique : inlandsis et manchots sont menacés par la hausse des pluies

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Crédits : Wikimedia Commons.

Une étude a évalué la façon dont les précipitations liquides se modifient en Antarctique avec le réchauffement climatique. Les résultats, récemment publiés, font état d’une augmentation inquiétante de l’occurrence de pluie, aussi bien pour la calotte glaciaire que pour certaines colonies de manchots. 

Lorsque l’on pense à l’Antarctique, le réflexe habituel n’est pas d’imaginer un paysage battu par la pluie. En effet, en plus d’être particulièrement froid, le continent est extrêmement sec – il s’agit en fait du plus grand désert de la planète. Pourtant, les côtes connaissent quelques jours de précipitations liquides par an. Un chiffre qui s’élève même à plus de 50 jours au nord-ouest de la péninsule antarctique.

La pluie prend ses aises en Antarctique

Or, avec le réchauffement global, ces pluies devraient devenir plus fréquentes et plus intenses. C’est ce qu’ont révélé les travaux d’un groupe de chercheurs européen, parus dans la revue Geophysical Research Letters le 27 mars. Si le climat continue d’évoluer au même rythme, on s’attend à une hausse moyenne des précipitations liquides de 240 % à l’échelle du continent.

« Dans l’ensemble, que la pluie augmente dans un climat qui se réchauffe ne devrait surprendre personne, mais l’ampleur à laquelle cela se produit sur un continent aussi froid est intéressant », note Richard Bintanja, météorologue de l’Université de Groningen (Pays-Bas) qui n’a pas participé à l’étude.

Antarctique
Climatologie des jours de pluie sous température positive entre 1995 et 2014 selon deux modèles (a, c). Variations futures calculées comme les écarts entre la climatologie 1995-2014 et celle de 2081-2100 (b, d). Sur la colonne de droite, les couleurs bleues indiquent une hausse. Crédits : É. Vignon & al. 2021.

Aussi, les simulations montrent que la pluie ne progresse pas vers l’intérieur de l’Antarctique de façon homogène. Pour certains domaines, la limite pluie/neige n’évolue pratiquement pas entre la période récente et la fin du siècle. Pour d’autres, elle gagne jusqu’à 1000 kilomètres sur les sols gelés. Les barrières de glace de Ross et de Filchner-Ronne – les plus vastes du monde – sont particulièrement exposées.

Une grande menace pour les manchots

Ces évolutions ne sont bien entendu pas sans conséquences, à la fois pour la calotte glaciaire et pour l’environnement local. Ainsi, la fonte des glaces continentales se ferait à un rythme accéléré tandis que les bébés manchots exposés aux gouttes d’eau seraient facilement décimés dès le retour du froid. Un sort terrible qui n’est pas sans rappeler l’épisode observé lors de l’hiver 2013-2014 où tous les poussins d’une colonie d’Adélie sont morts d’hypothermie. Et pour cause, leurs plumes ne sont pas imperméables. Un monde avec plus de pluie constitue donc une menace sérieuse pour les manchots.

« Compte tenu de l’importance croissante des précipitations pour le climat antarctique, ces différences appellent une plus grande attention à l’évaluation et à l’amélioration de la représentation de la microphysique des précipitations et des phases de l’eau dans les modèles climatiques au-dessus de l’Antarctique », indique le papier dans sa conclusion.

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