La fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique pourrait élever le niveau de la mer de près de quarante centimètres dans le monde d’ici 2100 si nos émissions de gaz à effet de serre ne faiblissent pas, selon une étude dirigée par la NASA.
Jusqu’au 21e siècle, les calottes glaciaires de l’Antarctique occidental et du Groenland accumulaient autant de masse qu’elles en perdaient. Le ruissellement des eaux de fonte était en effet compensé par des chutes de neige. Mais au cours de ces vingt dernières années, le rythme croissant du changement climatique a bouleversé cet équilibre. Récemment, des données satellitaires ont notamment révélé que les glaciers du Groenland avaient atteint le point de non-retour.
Hausse du niveau de la mer
Cette fonte des glace accélérée n’est évidemment pas sans conséquence. Un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié l’année dernière, avait en effet estimé que le Groenland contribuerait de 8 à 27 cm à l’élévation mondiale du niveau de la mer entre 2000 et 2100. Ils avaient également calculé que l’Antarctique pourrait contribuer à hauteur de 3 à 28 cm.
Dans le cadre d’une nouvelle recherche dirigée par la NASA, un groupe d’une soixantaine d’experts (glaciologues, océanologues et spécialistes de l’atmosphère) de plusieurs institutions a tenté d’affiner ces prédictions. Pour ces travaux, publiés dans la revue Cryosphere, les chercheurs se sont appuyés sur deux scénarios climatiques : l’un selon lequel nos émissions de gaz à effet de serre continuent à leur niveau actuel, l’autre selon lequel elles seront considérablement réduites d’ici 2100.
«La force de ce nouveau rapport était de rassembler la plupart des groupes de modélisation des calottes glaciaires du monde entier, mais de se connecter également avec d’autres communautés de modélisateurs océaniques et atmosphériques pour mieux appréhender ce qui pourrait arriver aux calottes glaciaires», a déclaré Heiko Goelzer, de l’Université d’Utrecht et co-auteur de l’étude.
Près de 40 cm avant 2100
Résultat : dans le pire des deux scénarios, les chercheurs ont estimé que la perte de glace en Antarctique entraînerait une élévation du niveau de la mer de trente centimètres d’ici la fin du siècle. De son côté, la fonte de la calotte glaciaire du Groenland pourrait ajouter neuf centimètres supplémentaires.
Une telle élévation du niveau de la mer, soulignent les chercheurs, aurait des conséquences dramatiques.
Quelques dizaines de centimètres suffiraient en effet pour redessiner le paysage mondial. Des centaines de millions de personnes évoluant dans des zones situées sous le niveau de la mer et d’importantes villes côtières seraient menacées, et de nombreuses petites îles seraient submergées. Outre la montée des eaux, les chercheurs prédisent également une augmentation de la puissance des ondes de tempête, exposant les régions côtières aux inondations.