Dans le cadre d’une étude récente, des scientifiques britanniques ont été étonnés de découvrir que les immenses bancs de krill antarctique jouent un rôle très important dans le stockage du carbone. Selon les estimations, il est question de plus de vingt millions de tonnes de dioxyde de carbone par an.
Un puits de carbone exceptionnel
Pour rappel, les krills sont de petits crustacés des eaux froides qui se nourrissent principalement de phytoplancton et constituent un élément fondamental du réseau trophique, autrement dit la chaîne alimentaire. En effet, ils sont notamment essentiels à l’alimentation des baleines, des manchots et des phoques. En 2019, une étude révélait une migration des bancs de krill antarctique (Euphausia superba) à plus de 400 km vers le sud, soit précisément quatre degrés de latitude dans l’océan Austral. Or, cette situation est très préoccupante pour la faune dépendante de ces crustacés pour leur alimentation, surtout que les bancs peuvent contenir jusqu’à trente milliards d’individus.
Le 8 septembre 2024, une étude publiée dans la revue Nature Communications concerne à nouveau le krill antarctique. Ces recherches pilotées par l’Imperial College London (Royaume-Uni) démontrent que ces crustacés jouent aussi un rôle exceptionnel dans le stockage du carbone. Selon les estimations, ce stockage se chiffrerait à plus de vingt millions de tonnes de dioxyde de carbone chaque année.
Un processus assez surprenant
« Le krill de l’Antarctique est affecté par le changement climatique rapide des régions polaires et par l’expansion de la pêche. Les populations de krill et leur habitat méritent donc d’être protégés afin de préserver ce précieux puits de carbone », peut-on lire dans l’étude. Il est ici question de carbone bleu, c’est-à-dire le dioxyde de carbone prélevé de l’atmosphère par les écosystèmes océaniques côtiers. Or, jusqu’à aujourd’hui, les scientifiques qui étudient le sujet considéraient principalement le rôle des plantes aquatiques. Les chercheurs britanniques ont donc été stupéfaits de découvrir l’importante contribution du krill dans le processus. Par ailleurs, cette même contribution n’est pas celle des crustacés à proprement dit, mais plutôt de leurs excréments.
Les auteurs de l’étude ont rappelé que le phytoplancton dont se nourrit le krill utilise le carbone de l’atmosphère pour sa photosynthèse. Séquestré ensuite dans les excréments du krill, le carbone coule et se dépose ainsi sur les fonds océaniques. Pour Emma Cavan, la principale autrice de l’étude, cette nouvelle inattendue devrait fortement inciter les autorités à mieux protéger les eaux de l’océan Austral et sa faune, dont les krills.